Emmanuel Kant, au secours de la théologie
Dans la Critique de la Raison Pure, Kant affirme
que le but de sa doctrine est de produire une sauvegarde, certes minimale, de
la croyance et de la religion contre les avancées de la Raison.
« La critique peut seul couper les racines du matérialisme, du
fatalisme, de l'athéisme, de l'incrédulité des esprits forts »
Kant, Critique de la
raison pure, Préface de la seconde édition
Note: L'évêque Berkeley disait déjà la même chose dans la préface
des dialogues d'Hylas et de Philonoüs: "si
ces principes sont acceptés et regardés comme vrais, il s'ensuit que l'athéisme
et le scepticisme sont du même coup complètement abattus"
« Ce n’est pas non plus un service de peu d’importance que celui
qu’elle (la critique kantienne) rend à la théologie, puisqu’elle l’affranchit
du jugement de la spéculation dogmatique, et la met en parfaite sécurité contre toutes les attaques de ces sortes d’adversaires. »
Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future
« Bien que la métaphysique ne puisse pas être le soubassement de
la religion, elle doit pourtant en demeurer le rempart et que la raison humaine
qui est déjà dialectique par l'orientation de sa nature, ne peut jamais se
passer d'une telle science, qui vient la brider et qui, grâce à une
connaissance scientifique et pleinement éclairante de soi-même; écarte les
dévastations que sinon une raison spéculative dépourvue de lois susciterait
tout à fait immanquablement aussi bien dans la morale que dans la religion »
Kant, Critique de la
raison pure, A849
Note:
Luther blâmait la raison d'être « une belle putain » et la « fiancée du diable
». Il écrivait : « Il n'existe sur Terre, parmi tous les périls, rien de plus
dangereux qu'une raison adroite et bien pourvue, surtout si elle s'occupe de
questions spirituelles qui touchent à l'âme et à Dieu »
« Une foi raisonnable, seule possible à nous, sera estimée
suffisante (peut- être plus salutaire encore que le savoir) pour
nos besoins. »
Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future
« J'ai donc dû supprimer le savoir pour lui substituer la
croyance. »
Kant, Critique de la
raison pure, Préface de la seconde édition
« La croyance en un Dieu et en un autre monde est à ce point
liée à ma disposition morale que tout aussi peu suis-je exposé à perdre cette
disposition, tout aussi peu ai-je à craindre de pouvoir jamais me voir ravir
cette croyance »
Kant, Critique de la raison pure, A829
« Il reste assez de ressources pour qu’il [l’homme] craigne un
être divin et un avenir. Car tout ce qui est requis pour cela, c’est qu’il ne
puisse en tout cas mettre nullement en avant la certitude qu’il ne se trouve
aucun Dieu, ni aucune vie future »
Kant, Critique de la
raison pure, A830
Kant conclut que son
objectif est d'établir une « théologie morale »
Critique de la raison
pure, A814
"Kant n'est pas tout à fait l'Aufklärer
que l'on imagine souvent, le précurseur de la laïcité républicaine, le plus
moderne de tous les philosophes classiques, en avance sur son temps... La
récurrence du thème religieux et de la question des rapports de la science et
de la foi est si flagrante chez lui qu'on m'autorisera peut-être à le voir plus
comme un esprit du Grand Siècle, celui de louis XIV, que comme un citoyen de
celui des lumières, appelé par lui "siècle de Frédéric". Ainsi le
comparer à un Blaise Pascal ne me paraît pas si incongru que cela."
Alain Boyer, hors du Temps, p292 p205 (résumé critique)
► l'irrationalité des "grands philosophes": Kant
► Page principale du site du philosophe Willeime