Observations sur la thèse Mythiste de Jésus Christ
et Element contre cette thèse
Aucun contemporain de Jésus ne parle de lui, y compris ceux qui auraient normalement du le faire comme Philon d’Alexandrie (-20 +45) et
qui nous parle pourtant de Pilate. Le patriarche de Constantinople Photios,
érudit du IXe siècle, signale également qu'il ne figurait pas de
mention de Jésus dans l’Histoire des juifs de Juste de Tibériade, un historien juif rival de
Flavius Josèphe dont l'oeuvre a aujourd'hui disparu. Si
Jésus a existé, il n'a curieusement donc pas marqué ses contemporains, ce
qui est surprenant pour quelqu'un censé avoir déplacé des foules. Enfin, le premier témoignage "historique" sur Jésus, rapporté par Flavius Joséphe est vraisembablement interpolé. Même si on accepte l'hypothèse de l'interpolation partielle,
cela ne prouverait de toute façon pas grande chose car Flavius est né en 37, et écrit en 93 soit bien
après la mort de Jésus et n'est donc pas un témoin direct des événements. Il ne peut dire que ce qu'il a entendu et que les chrétiens colportent partout.
Il n'y a donc pas de preuve historique de l'existence de Jésus.
Les plus anciens textes chrétiens ne sont pas les évangiles mais sept lettres de Paul de Tarse écrites entre 50 et 55. Il est évident aujourd'hui que la vie de Jésus ressemble à d'anciennes croyances/prophéties. Par exemple l'étoile de Bethléem, l'obscurité de la crucifixion ou encore le massacre de tous les jeunes garçons qui recycle la même légende que pour Moïse, n'a certainement pas eu de réalité
historique. Se pose donc la question d'essayer de faire la part entre
ce qui est
historique et mythique dans les évangiles. Si le souvenir de la
condamnation d'un chef essénien (peut-être Menahem, l'autre messie) a sûrement pu inspiré l'histoire de
Jésus, étant donné que les premiers auteurs des évangiles (les évangélistes Luc et Matthieu écrivent en grec 40-50 ans après la mort de Jésus) seraient des "collaborateurs" de Paul de Tarse qui n'avait lui-même jamais rencontré Jésus de Nazareth en personne (mais seulement dans une apparition), la
probabilité que l'histoire des évangiles soit essentiellement une
invention parait très
élevée. Les évangélistes qui écrivent en grec connaissent d'ailleurs
assez mal la palestine, sa géographie, son histoire et sa langue (les erreurs du Nouveau Testament).
Pour Voltaire: "Votre Luc vous a trompés. Cyrenius ne fut
gouverneur de Syrie que dix ans après l’époque dont vous parlez :
c’était Quintilius Varus qui était alors proconsul de Syrie".
Les évangélistes transposent simplement d'anciennes
prophéties retrouvées dans les manuscrits de la mère morte. La
notion de causalité est confuse dans leurs esprits ce qui les amène à
des justifications étranges: "celui qui l'a vu rend témoignage ; et son
témoignage est véritable ; et lui sait qu'il dit vrai, afin que vous
aussi vous croyiez. Car ces choses sont arrivées afin que l'écriture
fût accomplie" (Jean 19-35).
La thèse mythiste n'est pas nouvelle, les païens disaient déjà que les
évangiles n'étaient pas authentiques d'un point de vue historique, sans
pour autant nier directemetn l'existence de Jésus:
« Mais tous ces prétendus faits sont des mythes que vos maîtres et vous
avez fabriqués, sans pouvoir seulement donner à vos mensonges une
teinte de crédibilité. On sait du reste qu’il en est plusieurs, parmi
vous, qui, semblables à ceux qui dans l’ivresse vont jusqu’à porter la
main sur eux-mêmes, ont changé et transformé à leur guise le premier
texte de l’Évangile de trois et quatre manières et plus encore, afin de
réfuter les objections qu’on y oppose. »
Celse, Discours Vrai, Contre les chrétiens
Note: Idem, dans son traité contre les chrétiens (écrit au IIIe
siècle), Porphyre de Tyr dit également que "Les évangélistes sont les
inventeurs, non les historiens des choses qu'ils racontent de Jésus
(...) Chacun des évangélistes a écrit le compte rendu de la Passion non
pas en plein accord, mais en pleine dissonance avec les autres. (...)
si ces gens-là n'étaient pas capables de dire véridiquement de quelle
façon il était mort et n'ont fait que de la littérature, c'est que sur
tout le reste ils n 'ont rien raconté non plus qui mérite confiance."
fgr 15.
Pierre de Labriolle, La réaction païenne - étude sur la polémique antichrétienne du Ier au VIe siècle. page 251/255/279.
Element contre cette thèse
Il y a tout de même quelques éléments en faveur de l'historicité de
Jésus. Si St Paul admet qu'il n'a pas connu Jésus "selon la chair" il
nous indique en revanche que d'autres comme St Pierre l'ont connu
physiquement ce qui renvoie donc à un personnage historique.
Enfin Jacques, frère de Jésus, est un personnage mentionné par l'historien Flavius Josèphe dans un passage mon sensible et donc apparemment non interpolé. C'était le chef
de l'église de Jérusalem qui fut lapidé sur ordre du grand Rabbin Hanan.
Le mot "frère" a beaucoup embarrassé l'église car cela remettait en
cause la virginité de Marie, et on en est arrivé à conclure que c'était
un cousin ou un demi-frère issu d'un premier mariage de Josèphe. Bref,
on a des raisons raisonnables d'admettre que ce Jacques est un
personnage ayant réellement existé et qu'il avait une certaine parenté
avec Jésus, donc avec un homme biologique réel (contre la thèse
mythiste), ce qui implique que Jésus aurait bien existé. Celà reste
faible, mais pour un homme de l'antiquité, on a souvent guère mieux. Je
pense donc finalement que les évangiles sont une réécriture mythifiée,
mais probablement tout de même possiblement fondée sur un personnage
qui a réellement existé.
► La page Noire de
Jésus-Christ
► Page principale du site du philosophe Willeime