Les problèmes des conceptions spiritualistes/idéalistes
L'esprit n'est pas une chose première:
"Un examen attentif de la notion d’esprit montre que celui-ci est
constitué d’au moins deux choses différentes: une mémoire et une
faculté d’analyse. Sans aucun souvenir et sans aucune capacité
d’associer, de comparer et de manipuler des informations, la notion
d’esprit n’est plus concevable. Or si le concept d’esprit peut être
décomposé et réduit à l’association d’autres choses, alors l’esprit ne
peut plus être une chose première, mais son origine doit être
recherchée et expliquée. De multiples exemples issus de la biologie et
de l’informatique illustrent désormais qu’une mémoire et une faculté
d’analyse sont des choses qui reposent sur des structures matérielles.
Puisque la mémoire et l’intelligence peuvent s’expliquent toutes deux
grâce à des réseaux neuronaux biologiques ou artificiels, l’esprit nous
apparait dépendant de la matière, et il n’est pas une chose première,
avant la matière"
Extrait de l'Amour de la Raison Universelle.
Le problème du cerveau:
"Si la conscience humaine avait un degré d’existence supérieure à celle
du monde physique, on s’attendrait à ce que celle-ci ne soit pas
directement altérable par les phénomènes matériels, or la médecine
montre que le fonctionnement de la conscience dépend de processus
neurobiologiques dans le cerveau. L’existence de certaines molécules
(alcool, somnifères, drogues, hallucinogènes, neuroleptiques...)
capables de perturber ou rétablir le fonctionnement de la conscience
est une observation ancienne démontrant que l’esprit humain repose sur
des bases matérielles. De même, l’expérience de l’éveil et du sommeil
montre à chacun de nous que sa conscience se met en marche et en veille
comme une machine. Aujourd’hui, notre capacité à lire dans les pensées
et dans les rêves à l’aide de l’imagerie cérébrale confirme que
l’esprit se situe bien dans le cerveau . Cette conclusion est également
soutenue par l’étude de patients atteints de lésions dans diverses
régions des hémisphères cérébraux et affectés de troubles précis, dont
parfois des perturbations qui touchent leur caractère et leur capacité
à former des sentiments . Ainsi, un grand nombre d’observations
nouvelles et anciennes convergent vers l’idée que l’esprit est un
processus reposant sur des bases matérielles, et fonctionnant selon des
principes rationnels."
Extrait de l'Amour de la Raison Universelle.
Le terme de conscience cosmique n'a donc aucun sens, et n'est qu'une
manière dissimulée d'introduire le bon dieu ou de propager des croyances
animistes.
Enfin, mettre 3 personnes dans une pièce laisse 3 individus et ne créé
pas une conscience nouvelle avec laquelle on peut interagir.
L'ensemble des individus ne créé pas un nouvel esprit. Le dieu de Spinoza n'est pas un sujet.
Le problème de l'accord des
consciences sur le monde externe: Tous les jours, différents
esprits
s’accordent sur la nature du monde perceptible, ce qui ne se comprend qu'avec
l’existence d’une substance indépendante de la subjectivité
des consciences, et que nous identifions habituellement comme étant la matière. Or, pour les idéalistes spiritualistes, le monde matériel existe en fait
uniquement dans nos esprits. Pour expliquer l'accord des différentes consciences, ils doivent
cependant réintroduire
une entité qui fait le même
travail que la matière absolue afin de garantir l'objectivité des observations: c'est par exemple "l'ordre préétabli" (par Dieu) chez Leibniz. Déjà, dans le spiritualisme de
Berkeley, il y avait quelque chose qui
créait
l'illusion du monde matériel, et que l'évêque Berkeley identifie dogmatiquement lui aussi au Dieu
du monothéisme... et
ces aveux illustrent bien la faiblesse de ces pensées anti-matérialistes. En
effet, le spiritualiste
nie tout d'abord qu'une réalité externe et absolue (communément appelée la matière)
détermine nos
représentations, mais il est quand même obligé d'introduire quelque
chose
d'équivalent derrière les phénomènes, qui est la cause de nos perceptions ! Kant
s'est également pris dans cette
contradiction,
et à la suite des remarques de Jacobi, il a dû proposer une deuxième édition de sa critique de la Raison pure pour essayer de
pallier au problème, mais je ne vois pas qu'il y soit parvenu, ni lui,
ni
personne d'autre. En résumé, si l'on
rejette l'existence de la matière vue comme une entité indépendante et préexistante aux consciences, il faut savoir que
l'on sera obligé de réintroduire quelque chose d'encore plus douteux et de moins bien établi que la matière pour la remplacer.
Schopenhauer était conscient du problème. Dans son
texte intitulé "le point de vue idéaliste", il tente de réaliser un
dépassement en
admettant que "le sujet
connaissant est un produit de la matière",
tout
en continuant de nier l'existence d'un monde matériel externe à la
conscience. Il nous propose ainsi une synthèse prétendument subtile
entre
spiritualisme et matérialisme, mais qui en l'absence d'élément décisif
pour soutenir la cohérence d'une telle curiosité inintelligible, est à mes yeux seulement une contradiction dissimulée.
Notons
enfin, que même dans le cas où le spiritualiste croit qu'il est le seul
esprit au monde (idéalisme absolu), le même problème réapparaît car il devra constater
qu'il a un
gigantesque inconscient (tout l'univers matériel) qui lui échappe,
s'impose à
lui et à ses erreurs et fait donc là aussi office de réalité externe, indépendante de sa
conscience.
En conclusion, si l'on admet la nécessité d'un
élément objectif entre les consciences, la matière apparait
comme la solution la plus simple à ce problème. Certes, ce raisonnement ne
nous dit pas ce qu'est réellement la matière, ni tout ce que ce concept
pourrait cacher ou renfermer, mais il nous indique qu'il existe une entité objective et indépendante des
consciences dont nous allons désormais pouvoir essayer de percer les
secrets en physicien.
Le problème de l'ancestralité:
Ceux qui pensent que le monde matériel est une illusion, se doivent
à minima de nous proposer une explication alternative de la réalité qui
soit au moins aussi cohérente que la croyance naturelle qu’ils
dénoncent et veulent abattre. Idéalement, ils devraient même faire
mieux. Un changement de paradigme nécessite d’abord de déceler un
problème dans le modèle existant qui est ensuite résolu par une
nouvelle vision des choses. Ce n’est qu’ainsi que l’on a remplacé le
géocentrisme par l’héliocentrisme. Toutefois, force est de constater
qu'en remettant l’observateur au centre, le kantisme n'est pas du tout
une révolution copernicienne comme il le prétend, mais bien au
contraire une "contre-révolution ptolémaïque" comme disait Bertrand Russel !► La corruption de la
philosophie par le spiritualisme et la religion
► Erreurs et Contradictions dans la critique de la Raison pure
► Paul Janet. Qu'est ce que
l'idéalisme ?
►
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