l'Unité de Dieu et de la Nature
dans le Panthéisme Gréco-Romain et chez Spinoza





Pour les panthéistes, Dieu est à la fois:
                                                1 - la nature/le monde/l'univers
                                                2 - la Raison/la vérité


Préambule sur le mot "Dieu"

    "Le mot dieu provient du latin deus, or le paganisme était un panthéisme: “[Les anciens Romains] n’adoraient pas Jupiter, comme s’il était la divinité, mais ils adoraient la divinité telle qu’elle était dans Jupiter” (Giordano Bruno, L’expulsion de la bête triomphante, III, II). Après deux millénaires de dénaturation du mot “dieu” par le monothéisme abrahamique, Spinoza et Einstein se le sont donc réapproprié dans une signification plus proche de son sens originel"
Extrait des notes de L'Amour de La Raison Universelle, Willeime



La double définition de Dieu chez Spinoza

     Pour Spinoza "tout est en Dieu et se conçoit par Dieu" "tout est en Dieu et dépend de lui de telle sorte que rien ne peut ni être, ni être conçu sans lui" (Ethique II, XLVII, schol; I, append).
   
(tout est en Dieu) Dieu est donc à la fois la Nature-La Réalité-l'Existence matérielle , mais aussi (tout se conçoit en Dieu) le principe ultime de la connaisance intellectuelle  c'est-à-dire le principe de Raison.
    "Par exemple l'entendement est la cause de ses idées ; c'est pourquoi je le nomme une cause en tant que ses idées dépendent de lui et, d'autre part, un tout eu égard à ce qu'il est composé de ses idées ; de même Dieu vis-à-vis de ses effets ou créatures n'est pas autre chose qu'une cause immanente et il est aussi un tout eu égard au deuxième aspect". CT. Dialogue
    "Dieu cependant, la cause première de toutes choses et aussi la cause de soi-même, se fait connaître lui-même par lui-même. De peu de signification est donc cette parole de Thomas d'Aquin suivant laquelle Dieu ne peut pas être démontré a priori, et cela précisément parce, qu'il n'a pas de cause." CT, I


- "Dieu c'est à dire la Nature"
Ethique, IV, préface.
- "Dieu étant formé de la totalité de ce qui est" "Tout ce qui est ne forme qu'une seule chose, à savoir Dieu lui-même." CT, XXIV

- "La raison cette lumière divine"
Traité théologico-politique, chapitre XV
- “Dieu étant le principe de notre connaissance et son fondement” Spinoza, Ethique, V, XXXVI, scholie
- "Dieu s'explique par la nature de l'Esprit humain, et constitue l'essence de l'Esprit humain" Ethique II, XI.
- "Dieu est la vérité" Cour Traité, II, 5 et 15.
- Dieu est "cause interne". Cour Traité

- "à mesure que nous connaissons davantage les choses naturelles, nous connaissons d’une façon plus parfaite l’essence de Dieu" TTP

" la connaissance de l'union de l'âme humaine avec la nature tout entière" TRE


"les lois universelles de la nature sont les décrets mêmes de Dieu" "Par gouvernement de Dieu, j'entends l'ordre fixe et immuable de la nature, ou l'enchaînement des choses naturelles. Car nous avons dit plus haut et nous avons montré aussi en un autre endroit que les lois universelles de la nature, par qui tout se fait et tout se détermine, ne sont rien autre chose que les éternels décrets de Dieu, qui sont des vérités éternelles et enveloppent toujours l'absolue nécessité" TTP



Spinoza païen

Né Benoit/Bento (portugais), aussi appelé Baruch (juif), après son exclusion de la communauté juive en 1656, Spinoza signe désormais Benedictus (nom romanisé).

Dans la lettre d’Albert Burgh, celui-ci dit à Spinoza qu’il est un "païen". Dans la lettre XXVIII à Johannes Bouwmeester, Spinoza parle métaphoriquement des “dieux”.

Spinoza: "Je crois que Dieu est, de toutes choses, cause immanente comme on dit, et non cause transitive. J'affirme, dis-je, avec Paul, et peut-être avec tous les philosophes anciens, bien que d'une autre façon, que toutes choses sont et se meuvent en Dieu"

note: en fait c'est saint-Jean: "Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. Nous connaissons que nous demeurons en lui, et qu'il demeure en nous").



Le panthéisme était une conception commune au paganisme /polythéisme de l'antiquité. L'empereur Hadrien fit élever un temple à tous les dieux (le panthéon) et on retrouve cette notion chez divers philosophes païens.

 


Les anciens romains

"(Les Anciens romains) n'ont pas même cru que le Jupiter adoré par nous au Capitole et dans les autres temples, lançât la foudre de sa main. Ils reconnaissent le même Jupiter que nous, le gardien et le modérateur de l'univers dont il est l'âme et l'esprit, le maître et l'architecte de cette création, celui auquel tout nom peut convenir. Veux-tu l'appeler Destin? Tu ne te tromperas pas ; de lui procèdent tous les événements ; il est la cause des causes. Le nommeras-tu Providence? Tu auras encore raison. C'est sa sagesse qui pourvoit aux besoins de ce monde, à ce que rien n'en trouble la marche, à ce qu'il accomplisse sa tâche ordonnée. Aimes-tu mieux l'appeler la Nature? Le mot sera juste ; c'est de lui que tout a pris naissance ; nous vivons de son souffle. Veux-tu voir en lui le monde lui-même? Tu n'auras pas tort ; il est tout ce que tu vois, tout entier dans chacune de ses parties, et se soutenant par sa propre puissance."
Sénèque, Questions naturelles, II


Les stoïciens, bien qu'ils semblent multiplier la Divinité par les différents noms qu'ils lui donnent, à raison du changement que subit la matière dans laquelle, selon eux, l'esprit de Dieu se répand, n'admettent réellement qu'un seul Dieu. En effet, si Dieu est un feu subtil répandu partout, pour tout féconder, et renfermant le principe et la vie de tous les êtres qui naissent au gré du destin; si son esprit parcourt le monde entier, il s'ensuit qu'ils ne reconnaissent réellement qu'un seul Dieu, appelé Jupiter, quand on parle du feu; Junon, quand il s'agit de l'air, et qui prend divers autres noms, selon les différentes parties de matière qu'il pénètre.
Athanagore, apologie





Lucrèce nous dit que l'on peut dire que la Terre est "la mère des dieux".

« Le monde, cet ensemble que l'on s'est plu à appeler d'un autre nom, ce « ciel », dont la voûte couvre la vie de tout l'univers, doit être tenu pour une divinité, éternelle, sans commencement comme sans fin… Le monde est sacré, éternel, immense, tout entier en toutes choses, ou plutôt il est le Tout, infini et paraissant fini, déterminé en toutes choses et paraissant indéterminé, au-dedans, au-dehors embrassant tout en lui, il est à la fois l'œuvre de la nature et la nature elle-même »
Pline l'ancienHistoire naturelle, début.


Les Grecs


"notre intellect c'est dieu en chacun de nous" Euripide, frg1018

Démocrite proclama que “sont dieux, les principes de l’intellect” et s’identifia alors lui-même comme “la voix de Zeus” (cité dans l'Amour de la Raison Universelle)


[Xénophane] a soutenu que le tout auquel il joint l'intelligence est dieu aussi parce qu'il est infini (Cicéron, de la nature des dieux, I, XI)
   
[Straton] pense que la puissance divine réside toute entière dans la nature qui renfeme les causes de la génération de la croissance du déclin mais est dépourvue de toute sensibilité et de toute forme
(Cicéron, de la nature des dieux, I, XIII)



Les stoïciens

 "Dieu lui-même est un corps, comme le soutiennent les stoïciens" nous dit Origène (contre Celse)

[Cléanthe] pense que rie n'est plus divin que la Raison
(Cicéron, de la nature des dieux, I, XIV)

[Chrysippe] dit en effent que le pouvoir divin réside dans la Raison et dans l'âme et l'esprit de la nature universelle. Il dit que 
"le monde lui-même est dieu" . (Cicéron, de la nature des dieux, I, XV).


Le livre l'Amour de la Raison Universelle par le philosophe Willeime


          ► Présentation Générale de l'essai: « l’Amour de la Raison Universelle »




        ► David de Dinant: De la Destruction du Paganisme Antique à la Renaissance du Panthéisme


        ► La Raison Antique


        ► Celse: le premier philosophe païen contre les Chrétiens

        Giordano Bruno



         Spinoza: les errreurs d'interprétation



         Einstein, Dieu et la religiosité cosmique



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