Les thèses principales du philosophe Celse
le premier philosophe païen à écrire un traité contre les chrétiens
Extraits du "Discours Vrai, Contre les chrétiens",
écrit au IIe siècle, vers 178-180, sous l'empereur
Marc-Aurèle
offrant le point de vue païen sur le judéo-christianisme.
I
- Le christianisme est une secte de sots, de charlatans et de fous
« Il
y a une nouvelle race d’hommes nés d’hier, sans patrie ni
traditions antiques, ligués contre toutes les institutions religieuses
et
civiles, poursuivis par la justice, généralement notés d’infamie, mais
se
faisant gloire de l’exécration commune: ce sont les chrétiens. »
« dans
ces derniers temps, les chrétiens ont trouvé parmi les
Juifs un nouveau Moïse qui les a séduits mieux encore, qui passe au
milieu
d’eux pour le fils de Dieu et est l’auteur de cette doctrine. Il a
ramassé
autour de lui, sans choix, un ramas de gens simples, perdus de mœurs et
grossiers,
qui sont d’ordinaire la clientèle des charlatans et des imposteurs, de
sorte que
l’espèce qui s’est donnée à cette doctrine permet déjà d’en apprécier la
valeur. »
Note: Le mépris de Celse pour le christianisme est identique à celui des autres
païens à avoir brièvement évoqué cette secte
au Ier et IIe siècle. Pour l'empereur Claude, les prédicateurs juifs
sont "une maladie" ; pour Pline répondant à Trajan, le christianisme est "une superstition
absurde, extravagante" ; idem pour Suétone "une superstition nouvelle
et malfaisante". Pour Tacite, les chrétiens sont même "des ennemis du genre humain".
II
- Aucun apport majeur des juifs à la civilisation dans l'antiquité
« Toutes
les nations les plus vénérables par leur antiquité
conviennent entre elles sur les principes essentiels. Égyptiens,
Assyriens,
Chaldéens, Indiens, Odryses, Perses, Samothraciens et Grecs, ont tous
des
traditions à peu près semblables C’est
chez ces peuples et non ailleurs qu’est la source de la vraie sagesse,
qui
s’est ensuite répandue partout en mille ruisseaux séparés. [..]
Nul ne
songe à compter les Juifs parmi les pères de la civilisation, ni à
accorder à
Moïse un honneur pareil à celui des plus anciens sages. »
« [Mais
qui sont ces Juifs qui se mettent à un si haut rang et
prêtent à Dieu une si grande sollicitude à leur égard ?] Des esclaves
échappés
d’Égypte en fugitifs. Ces hommes [qui se prétendent si chers à Dieu]
n’ont jamais
rien fait de mémorable, et n’ont jamais compté pour rien
dans le
monde. »
« L’idée
d’envoyer le fils de Dieu aux Juifs n’est-elle pas
plus propre encore à exciter la risée ?
[Pour mieux tomber, vraiment, Dieu n’avait que l’embarras du choix.
Pourquoi
aux seuls Juifs? Pourquoi à cette nation grossière, misérable, à demi
dissoute,
et non à tant d’autres peuples plus dignes des regards et du souci de
Dieu,
comme les Chaldéens, les Mages, les Égyptiens, les Perses, les Indiens,
nations
vénérables et animées de l’esprit divin ? »
III - Aucun apport significatif du christianisme
à la morale
« C’est
apparemment en se fondant sur quelqu’une de ces paroles
de Platon dont ils avaient une vague connaissance, que quelques
chrétiens font
sonner haut le Dieu qui est au-dessus du ciel, et s’élèvent ainsi
au-dessus du
ciel des Juifs »
« Voici
maintenant un de leurs préceptes: c’est de ne pas repousser les
outrages. « Si,
dit-il, on vous frappe sur une joue, présentez encore l’autre.» C’est
là une
vieille maxime déjà dite et bien mieux dite avant eux : la grossièreté
de la
formule seule leur appartient. »
« Les
préceptes de leur morale, dans ce qu’ils ont de meilleur,
les philosophes les ont enseignés avant eux. » «Tout cela a été
bien mieux
dit par les Grecs, et, sans cette enflure et ce ton prophétique »
« dire
que le fils de Dieu est puni par le diable, et qu’il
nous apprend par sa patience à subir avec courage les peines qu’il nous
inflige, c’est ce qu’il y a de plus ridicule au monde. Il fallait, il
me
semble, punir le diable, et non effrayer les hommes en les menaçant de
ses
atteintes »
IV - Le christianisme est un plagiat d’anciens cultes
« Si
l’on veut mettre en face de cet enseignement les hiérophantes de
Mithra,
examiner certains enseignements particuliers et mystérieux des
chrétiens et les
comparer; on verra qu’il y a quelque analogie »
la similitude du christianisme avec le culte de Mithra
Note: saint Justin de Naplouse
confirme que les légendes de Bacchus, d'Hercule, Esclulape anonçaient Jésus-Christ (Apologie I, XXI et XXII). De plus, Justin répondait que toutes ces similitudes étaient des manipulations du
diable: "Les mauvais démons ont imité cette institution dans les mystères de Mithra" (Apologie I, 66). Idem chez Tertulien: "Si l'on demande qui inspire les hérésiarques, je répondrai que c'est le démon" prescription
contre les hérétiques, XL.
Note: Porphyre dénonçait la communion comme un acte de cannibalisme (voir évangile de Jean 6-54/58)
V – Suivre Jésus aujourd’hui est absurde
VI
- Les textes des évangiles ne sont pas authentiques, ce sont des mythes remaniés
« La
généalogie que vous lui avez faite et où l’on voit, à
partir du premier homme, Jésus descendre des anciens rois, est un
chef-d’œuvre
d’orgueilleuse fantaisie. La femme du charpentier, si elle eût eu de
semblables
aïeux, ne l’eût pas sans doute ignoré »
« Mais
tous ces prétendus faits sont des mythes que vos maîtres
et vous avez fabriqués, sans pouvoir seulement donner à vos mensonges
une teinte de crédibilité. On sait du reste qu’il en est plusieurs, parmi vous,
qui,
semblables à ceux qui dans l’ivresse vont jusqu’à porter la main sur eux-mêmes, ont changé et transformé à leur
guise le premier texte de l’Évangile de trois et quatre manières et
plus
encore, afin de réfuter les objections qu’on y oppose. »
« Ce
qu’il vous a débité avec arrogance de la résurrection, du jugement, des
récompenses et des peines réservées aux méchants; ce sont de vieilles
histoires
qui courent nos livres et sont depuis longtemps surannées »
Note:
Idem, dans son traité contre les chrétiens (écrit au IIIe siècle),
Porphyre de Tyr dit également que "Les
évangélistes sont les inventeurs, non les historiens des choses qu'ils
racontent de Jésus (...) Chacun des évangélistes a écrit le
compte
rendu de la Passion non pas en plein accord, mais en pleine dissonance
avec les
autres. (...) si ces gens-là n'étaient pas capables de dire
véridiquement de quelle façon il était mort et n'ont fait que de la
littérature, c'est que sur tout le reste ils n 'ont rien raconté non
plus qui mérite confiance." fgr 15 .
Pierre de Labriolle, La réaction païenne - étude sur la polémique antichrétienne du Ier au VIe siècle. page 251/255/279.
Note: Ce point et les deux précédents s'expliquent en revanche très bien avec la thèse mythiste.
VII -
La résurrection de Jésus n’est pas crédible
« Si
Jésus voulait faire éclater réellement sa vertu divine, il fallait
qu’il se
montrât à ses ennemis, au juge qui l’avait condamné et à tout le monde
en
général » « Son
supplice a eu tout le monde pour témoin, sa résurrection n’en a eu
qu’un seul ;
il fallait que ce fût le contraire »
Note: Spinoza mentionne le même
argument dans la lettre LXXV, de plus Celse est cité dans les notes du
traité des 3 imposteurs, suggérant que Spinoza avait possiblement
connaissance de Celse.
« quand
il s’agit de Dieu ou du fils de Dieu, ce n’est pas sur
de tels indices, sur d’équivoques exégèses et de si chétifs témoignages
qu’on
peut se fonder. Comme le soleil en éclairant toutes choses de sa
lumière se révèle
lui-même le premier, ainsi devrait-il en être du fils de Dieu »
VIII
– les histoires de la Bible sont des fictions puériles et ridicules
« [la
cosmogonie de Moïse] est d’une puérilité qui dépasse les
bornes. Le monde est autrement plus ancien qu’il ne croit; et,
des
diverses révolutions qu’il a subies, soit par des embrasements, soit
par des
déluges, il n’a entendu parler que du dernier »
« Rien
de
plus puéril comme leur cosmogonie et leur récit de la formation de
l’homme à
l’image de Dieu, et leur paradis planté par Dieu; rien qui tombe moins
sous le
sens que la prétendue condition du premier homme changée par l’accident
du
péché, et son expulsion du Jardin des Délices. Ce sont là des
extravagances,
ou, si l’on veut, d’amusantes petites histoires. C’est d’un ton plus
sérieux et
avec une autre profondeur que les anciens sages des Grecs ont parlé de
la
formation du monde et des hommes. Moïse et les prophètes, auteurs de
leurs
écritures, dans l’ignorance où ils étaient de la nature du monde et de
celle de
l’homme, ont fabriqué là-dessus des contes à dormir debout ».
« Les
plus sensés des Juifs et des chrétiens rougissent de
toutes ces ridicules fictions et tâchent de se tirer d’embarras en
ayant
recours à l’allégorie. Mais ces récits n’admettent pas l’allégorie, et
celles
qu’on a essayées sont plus honteuses et plus absurdes encore que les
récits
mêmes »
Note: La bible contient bien pire. Par exemple (Ezéchiel 4.12) relevé par Voltaire, où Dieu demande à son prophète de manger de la merde !
IX
– La théologie monothéiste n’a aucun sens
« Dans
quel dessein Dieu descendrait-il ici-bas? Est-ce pour apprendre ce qui
se passe
parmi les hommes? Mais ne sait-il pas toutes choses? Ou sait-il toutes
choses
sans remédier à rien, et sa puissance divine est-elle si bornée qu’il
ne peut
rien corriger, s’il [ne vient lui-même ou s’il] n’envoie tout exprès
quelqu’un
dans le monde ? »
« si
l’on dit que c’est le grand Dieu qui a fait le monde, comment y a-t-il
du mal
dans le monde? »
« Une
autre de leurs erreurs impies née de leur extrême ignorance et de leur
incompréhension
des mythes, est de prétendre que Dieu a pour adversaire le diable, le
même
qu’en hébreu qu’ils nomment Satan. Or, c’est une étrange sottise ou
plutôt une
grande impiété que de dire que le grand Dieu voulant faire quelque bien
aux
hommes, rencontre un être qui rompt son dessein et le réduit à
l’impuissance.
Le Fils de Dieu est donc vaincu par le diable? »
Note:
On retrouve les arguments de Celse dans "le Traité des 3 imposteurs
(Moïse, Jesus, Mahomet) ou l'Esprit de Spinoza", best-seller clandestin au XVIIIe siècle, illustrant qu'avec
Celse, l’esprit des
Lumières existait déjà dans l’antiquité. A propos
de Celse, Origène nous dit que par ses autres
écrits, il paraît
manifestement qu'il est épicurien ; mais dans celui-ci, afin que ses
accusations aient plus de couleur et plus de poids contre les
chrétiens, il
déguise les sentiments de sa secte".
X –
Jésus n’a aucune marque du divin, il est faible
« Le
grand Dieu qui avait déjà pris la peine d’envoyer deux anges pour toi,
ne
pouvait donc préserver son propre fils dans son propre pays ! »
« le
Fils de Dieu, à ce qu’il paraît, n’avait pas la force d’ouvrir tout
seul son
tombeau, mais il avait besoin qu’un autre [ange] vint déplacer la
pierre ! »
« Un
Dieu ne devait pas se laisser lier, emmener comme un
criminel ; bien moins encore devait-il être abandonné, trahi par ceux
qui
vivaient avec lui, qui étaient ses familiers, qui le suivaient comme un
maître,
le considéraient comme un sauveur, fils et envoyé du grand Dieu. Un bon
général
qui commande à des milliers de soldats n’est jamais trahi par les
siens, pas
même un misérable chef de brigands commandant à des hommes perdus, tant
que
ceux-ci trouvent profit à le suivre. Mais Jésus trahi par ceux qui
marchaient
sous lui, ne sut pas se faire obéir comme un bon général et ne sut
pas
seulement leur inspirer ce dévouement qu’un chef de brigands, si je
puis dire,
obtient de sa bande»
« Et
qu’est-ce
que Jésus a fait de grand et qui sente le Dieu? Le vit-on dédaignant
l’humanité, se faisant jeu et risée des événements d’ici-bas »
Idem
pour Porphyre de Tyr: "Si toute cette histoire était autre chose qu'une
pure invention, elle décèlerait chez le Christ une véritable
méchanceté". Jésus est "indigne d'un Fils de Dieu, ou simplement d'un
homme sage qui méprise la mort" "Bel enseignement que le sien, qui
aboutit au désordre social et à des renoncements absurdes. Et c'est ce
Jésus que vous nous présentez comme le maître de toute vérité
?" Frg 49, 62 et 56.
► La page Noire de Jesus-Christ
XI
- Les chrétiens inversent les valeurs
« [Voici de leurs maximes]: "La sagesse de cette vie est un mal, et la folie un bien" [..] "Loin d’ici ceux qui ont quelque
culture,
quelque sagesse ou quelque jugement; ce sont mauvaises qualités, à nos
yeux :
mais que les ignorants, les esprits bornés et incultes, les simples,
viennent
hardiment." En reconnaissant que de tels hommes sont dignes de leur
dieu, ils
montrent bien qu’ils ne veulent et ne savent gagner que les niais, les
âmes
viles et sans intelligence, des esclaves, de pauvres femmes et des
enfants.
Quel mal y a-t-il donc à avoir l’esprit cultivé, à aimer les belles
connaissances, à être sage et à passer pour tel? Est-ce que cela est un
obstacle à la connaissance de Dieu! N’est-ce pas plutôt une aide et un
secours
pour atteindre la vérité ? »
Note: Les premiers chrétiens voulaient la destruction de l'intelligence.
Note: Celse ne semble pas avoir compris que la théologie chrétienne
enseigne que tous les hommes sont souillés par le péché originel depuis
la naissance et que seule la foi en Jésus-Christ sauve.
« Écoutons
maintenant quelle espèce de gens ceux-ci invitent à
leurs mystères: «Quiconque est pécheur, quiconque est sans
intelligence,
quiconque est faible d’esprit, en un mot, quiconque est misérable,
qu’il
approche, le royaume de Dieu est pour lui.» Or, en disant le pécheur,
n’entendez-vous pas l’injuste, le brigand, le briseur de portes,
l’empoisonneur, le sacrilège, le violateur de tombeaux ? Quels autres
appellerait un chef de voleurs pour former sa troupe ? C’est donc que
Dieu a
été envoyé pour les pécheurs. Pourquoi n’a-t-il pas été envoyé pour
ceux qui ne
pèchent point? Quel mal y a-t-il à être exempt de péché ? L’injuste
[disent-ils] s’il s’abaisse dans le sentiment de sa misère, Dieu le
recevra ;
mais si le juste, fort de sa conscience, lève les yeux vers lui,
sera-t-il rejeté ? »
« Pourquoi
donc cette préférence accordée aux pécheurs? [Pourquoi sont-ils
particulièrement désignés au choix de Dieu, mis hors de pair et avant
les
autres? Pourquoi cette prérogative pour les moins dignes? N’est-ce pas
outrager
Dieu et la vérité que de faire ainsi acception de personnes et de
quelles
personnes ? »
« si vous ne pouvez atteindre à ces hauteurs, tenez-vous donc cois et muets, et cachez votre ignorance, et ne dites pas que ce sont ceux qui voient clair qui sont aveugles, ni ceux qui courent qui sont boiteux, estropiés et boiteux comme vous êtes quant à l’âme, et vivants seulement pour le corps, c’est-à-dire pour ce qui, dans l’homme, est chose morte. »
Complément: « Souffrir
est le commandement suprême du christianisme l'histoire du
christianisme lui-même est l'histoire de la souffrance de l'humanité.
Alors que chez les païens, la jubilation du plaisir sensuel se mêle au
culte des dieux, chez les chrétiens les anciens chrétiens bien entendu,
les pleurs et les soupirs du cœur font partie du service de Dieu. »
Feuerbach, l’essence du christianisme, le mystère du dieu souffrant
XII
- Le christianisme menace de détruire l’empire romain
« Vous
ne vous attendez pas sans doute que les Romains
délaissent, pour embrasser votre croyance, leurs traditions religieuses
et
civiles, invoquent votre Dieu le Très-Haut, ou de quelque nom que vous
l’appeliez, afin qu’il descende du Ciel et combatte pour eux, en sorte
qu’ils
n’aient pas besoin d’autre secours. Car ce même Dieu, à vous entendre,
avait
autrefois promis les mêmes choses et de plus grandes encore à ses
fidèles. Or
vous voyez quels services il a rendus aux Juifs et à vous. Ceux-là, au
lieu de
l’empire du monde, n’ont même plus une motte de terre ni un foyer. Et
quant à
vous, s’il reste encore quelques chrétiens errants et cachés, on les
cherche
pour les conduire au supplice »
« Si vous
cherchez
à ébranler ce principe, l’empereur vous punira, et il aura raison; car
si tous
les autres faisaient comme vous, rien n’empêcherait que l’Empereur ne
demeurât
seul et abandonné, et que le monde ne devînt la proie des barbares les
plus
sauvages et les plus grossiers. Il n’y aurait bientôt plus trace alors
de votre
belle religion, et c’en serait fait de la gloire de la vraie sagesse
parmi les
hommes » « Sans
doute cela ne manquerait pas d’arriver, à moins qu’un pouvoir plus
éclairé et
plus prévoyant ne vous détruisît tous de fond en comble avant de périr
lui-même
par vous »
gréco-romain contre judéo-chrétien
le discours de Maurice Allard à l'assemblée
nationale en 1905 (extrait du film "la séparation").
► Celse: Texte Intégral (traduction médiocre, la version Rougier est meilleure)
► La page Noire de
Jésus-Christ
► Nietzsche dénonce l'inversion des valeurs
► Spinoza, le premier philosophe des Lumières
► Rationalisme Antique. La Raison Universelle ou Culturelle ?
► Page principale du site du philosophe Willeime