Difficultés et erreurs courantes d’interprétation de Spinoza:
athéisme ? matérialisme ? éternité ? fatalisme ? liberté ? raison ou passion ?
Spinoza était-il athée ? panthéiste ?
La
plupart de ceux qui refusent de voir en Spinoza un athée disent qu’il
était panthéiste, et jouent sur l’ambiguïté de ce terme. Il
y a de nombreuses formes de panthéisme: le panthéisme magique (ex: le
chamanisme), le panthéisme provident (ex: le stoïcisme), le panthéisme spiritualiste dit acosmique (ex: le vedanta) ou encore le panthéisme rationaliste et naturaliste dont Spinoza ou Lucrèce sont des représentants. Or, il n’y a pas plus de
Dieu transcendant, ni même de finalité au sein la nature, dans cette dernière forme de panthéisme que
dans l'athéisme. Spinoza représente, selon nous, un stade d'incroyance plus élevé
encore que le simple athéisme car il nie l'existence d'un dieu externe, au-dessus de la nature, ou d'une quelconque force surnaturelle source de miracles pour des raisons métaphysiques, selon lui vraies et certaines, et pas seulement via des analyses
historiques ou psychologiques comme chez Nietzsche ou Freud.
Certes, Spinoza récuse l'accusation d'athéisme dans les
lettres, mais les arguments qu'il emploie pour répondre à cette
accusation d'athéisme sont tellement faibles que la
plupart de ses contemporains ont été convaincus qu'il était un athée
dissimulé et même le premier "athée de système" (voir le commentaire de Bayle). En effet, sous pression, Spinoza avait répondu à Oldenburg que Dieu n'est pas la nature (Lettre LXXIII, et contrairement à l'Ethique),
donc sa récusation d'athéisme dans ses Lettres ne doit pas non plus
être prise au pied de la lettre. De plus, il dit seulement "Les
athées, en effet, ont coutume de rechercher sans mesure les honneurs et
les richesses, choses que j'ai toujours méprisées" Lettre XLIII à Osten, donc il
dévie la question sur la morale car il ne peut répondre sur le fond, ce
qui renforce notre conviction qu'il était en fait un athée dissimulé.
Lorsque
Spinoza dit que Dieu est la nature, il ne veut pas dire dire que le bon
dieu se cache dans la nature (comme Hegel), mais seulement que la nature se suffit à elle-même et
qu'il n'y a donc pas de dieu transcendant hors de l'univers.
En effet, pour Spinoza,la nature réalise la totalité des possibles (Ethique, I, XVI et XVII). Elle est "immuable" (Ethique I, XX et XXI) et donc "Dieu c'est-à dire la nature n'agit pas en vue d'une fin" (Ethique IV, préface). Dieu n'a pas de "libre volonté" ni d'intention (Ethique I, XXXIII). Il n'est pas un "Roi" ou une "loi" (Ethique II, III). Spinoza se moque de la croyance en un "recteur de la nature" et du préjugé finaliste qui empêche de voir que
les chose "se sont faites elles-mêmes". Selon lui, "la nature n'a pas de fin qui lui soit prescrite" (Ethique, I, appendice). Il rejette la croyance selon laquelle
Dieu tienne "compte du bien" ou qu'il dirige vers un "but
déterminé" (Ethique, I, XXXIII, scholie II) et dénonce "l'extravagance des hommes [qui] a été jusqu'à croire que Dieu trouve du charme à l'harmonie" (Ethique, I, appendice).
A
première vue Spinoza n'est ni matérialiste ni spiritualiste, mais
semble adopter une position médiane (matière et pensée coexistent sans
être la même chose). En fait, une lecture attentive montre qu'il tend
très nettement vers le matérialisme.
Descartes concevait la réalité comme composée de deux substances indépendantes
(l'univers de la pensée et l'univers du monde physique matériel dit "étendu"). Du fait de l'indépendance proclamée des deux
substances, Descartes pouvait maintenir la croyance en l’existence
d’esprits sans corps (spectres, fantômes) et donc en la vie de l'âme immatérielle après la
mort.
Spinoza s’oppose résolument au spiritualisme de Descartes en
affirmant l’existence d’une seule substance, qui se perçoit selon
différents attributs (la pensée et la matière),
mais qui sont seulement différents aspects de la même chose. En effet,
Spinoza affirme la doctrine du parallélisme des attributs, qui veut que
tout ce qui se passe dans la pensée a un équivalent dans le monde
physique matériel. Dit autrement, tout ce qui se passe dans notre
esprit à son équivalent dans le cerveau(on
dirait aujourd'hui que la consicence n'est pas matérielle mais qu'elle
est un processus reposant sur des bases matérielles. Les pensées et les
émotions sont strictement corrélées à des pics
d'activités neurologiques dans certaines aires cérébrales).A cause de ce que l'on parfois appelé le parallélisme des attributs (Ethique II, VII), la
totalité du réel peut donc être entièrement décrite seulement du point de vue de
l’attribut matériel. Il n’y a donc en fait jamais vraiment autre chose
que de la matière dans la réalité conçue par Spinoza. En particulier,
il n'y a jamais d’esprits sans corps.
Par ailleurs, remarquez que Spinoza attaque les préjugés spiritualistes. Il condamne la
haine du monde matérielle “Je ne sais pas au nom de quoi la matière
serait indigne de la nature divine” (Ethique, I, XV, scholie). Dans l'appendice Ethique I, Spinoza parle "d'art mécanique", des "nerfs" et du "cerveau" et nous dit que "chacun juge des choses selon la disposition de son cerveau". Il rejette totalement l'idée que l'esprit contrôle le corps (Ethique, III, II, scholie).De plus, il nous dit que"personne
cependant ne pourra se faire de une idée adéquate c'est-à-dire
distincte [de l'esprit], s'il ne connaît auparavant la nature de notre
Corps" (Ethique, II, XIII, schol).Dans sa "petite physique" (entre les propostions XIII et XIV de Ethique II) le mouvement du corps humain, expliquant l'âme/l'esprit, obéit à des principes purement mécanistes.
Pour toutes ces raisons, Spinoza est donc, aux yeux de ses premiers partisans et de ses adversairesassimilable au matérialisme. Les
contemporains de Spinoza le dénoncèrent comme un épicurien,
c'est-à-dire un matérialiste athée ; tandis que les matérialistes
athées du XVIIIe siècle (Diderot, d'Holbach) se déclareront "nouveaux
spinozistes".
Là où la situation se complique c’est qu’on peut
aussi retourner notre raisonnement et considérer que la totalité du réel
est également descriptible via l’attribut de la pensée. A première vue, Spinoza
n'apparait pas réductioniste (pour lui, l'esprit ne provient pas de la
matière), ce qui ne correspond plus au matérialisme.
La
pensée existerait donc depuis toujours dans l'univers. Certes mais en
fait c'est aussi le cas dans l'univers infini et matériel de Démocrite
et d'Epicure. Pas de différence ici avec les matérialises.
On se demande toutefois quelle peut bien être la valeur de l’attribut de la pensée
pour décrire des corps physiques ordinaires comme une pierre ou une
étoile ? On constate en effet que presque l’essentiel de la nature est
composée d’entités ayant un degré zéro de conscience et même de vie. Du coup, à moins de vouloir promouvoir l’animisme, cette subdivision du réel en attributs parait
peut pertinente ? Je pense en effet que cette subdivision du réel en
attributs est l’une des parties les moins convaincantes du système de
Spinoza. Elle a clairement une origine historique. Cela vient de sa réforme a minima du système de Descartes, mais même
modifiés dans le spinozisme, ces vieux concepts issus de la
scolastique continuent de générer des
problèmes qui font l'objet de discussions dans ses lettres (XXX et XXXI).
En effet, une application stricte de cette doctrine devrait nous amener au panpsychisme, qui était assumé chez Giordano Bruno, un précurseur majeur de Spinoza, quoique le panpsychisme
n'est pas présent chez Spinoza, et qu'il semble l'éliminer ("il peut y avoir une idée sans que soit donné aucune autre
manière de penser"Ethique II,
Axiome III ). La conscience nécessite "l'idée de l'idée" ou "les idées des idées" qui est une faculté humaine (Ethique, II, XXI). Dans l'appendice du court traité, Spinoza parle "d'idée réflexive ou la conaissance de nous-même".
Donc, si à tous les corps corespond bien une idée, tous les corps ne sont pas unis à
une conscience. Seul ceux qui ont une complexité suffisante parvienne à
l'usage de la Raison et à la conscience. Mais alors du coup le réductionisme du matérialisme réapparait ! Les facultés rationnelles/conscientes du
corps/cerveau humain viennent de sa complexité (Ethique II, XIV; IV, XXXVIII et XXXIX etCHAPITRE XXVII): "pour
déterminer en quoi l'Âme humaine diffère des autres et l'emporte sur
elles, il nous est nécessaire de connaître [...] le Corps humain."(Ethique II, XIII, scholie). "Qui a un corps apte à faire de nombreuses choses [...]qui
a un Corps aux très nombreuses aptitudes, a une Âme qui, considérée en
elle seule, a grandement conscience d'elle-même et de Dieu et des choses" (Ethique V, XXXIX). (les bébés sont paratiquement inconscients et l'esprit de l'homme est supérieur à celui des animaux).
Voyons aussi
qu'il n'y a pas de vitalisme, c'est-à-dire de souffle magique pour insufler la vie chez Spinoza.
L'effort d'une chose pour perséver dans l'être, c'est-à-dire sa
puissance, c'est seulement son essence (Ethique, III, VII; IV, IV).Spinoza s'oppose au vitalisme d'Aristote " nous avons fait voir qu'il
n'y a rien dans la matière sinon des assemblages et des opérations
mécanique" Pensées métaphysiques Deuxième partie, chapitre VI
Notons également que pour Spinoza "l'intellect de Dieu" est seulement une façon métaphorique de parler: "pour dire ici quelque chose aussi de l'entendement et de la
volonté que nous attribuons communément à Dieu, [...] il faut entendre [..] autre chose certes que ce que les hommes
ont coutume de faire [et qui n'a] d'autre convenance que de nom, c'est-à-dire
comme il y a convenance entre le chien, signe céleste, et le chien,
animal aboyant." (Ethique, I, XVII). Pour Spinoza « on ne peut dire que Dieu a de l'amour pour les hommes et encore bien moins qu'il les aime » (Cour traité, XXIV) donc les formulations de la fin de l'Ethique sont à comprendre dans un sens métaphorique.
Conclusion: Spinoza un matérialiste-athée dissimulé
En conclusion, bien que Spinoza ne se soit pas explicitement déclaré
athée, et qu'au sens le plus strict, il ne soit pas non plus tout à fait un
matérialiste, si l'on veut le situer dans l'histoire des idées, il est
en fait très proche du matérialisme athée, avec toutefois la différence notable que sa métaphysique rationaliste donne une
dimension "quasi-religieuse" à sa doctrine, qui sera absente des formes
ultérieures de matérialisme athée, plus empiriques, (Diderot, les
sensualistes...) qui eux rejetteront la métaphysique.
“Spiritualiste,
mystique, panthéiste : Spinoza ne l'est certainement pas. Athée,
matérialiste : on a vu avec quelles précautions il faut employer ces
mots ; s'ils indiquent effectivement quelque chose, c'est plutôt en
termes de position sur un échiquier stratégique que comme description
du contenu de la doctrine ” Pierre-François Moreau. Spinoza et le spinozisme. (Collection: Que sais-je ?) p123.
Que signifie l'éternité de l'âme pour Spinoza ?
Spinoza
rejette l'immortalité de l'âme telle que conçue par Platon et les
religions. Toutefois dans la dernière partie de l'Ethique, il nous parle d'une forme d'éternité dont la signification demeure
généralement floue même pour les experts. On l'interprète souvent seulement comme
l'éternelle valeur des moments vécus (Ethique,
V, XXIX), ou la prééminence des productions de l'intellect sur la mémoire sensible (Ethique, V, XXXIX), toutefois Spinoza
fait également référence à une existence "avant le corps":
“L'esprit ne peut rien imaginer, ni rien se rappeler des choses passées que durant le corps" "Il ne peut se faire que nous nous souvenions d’avoir existé avant le corps puisqu’il ne peut y avoir de traces dans le corps” “quoi
que nous ne nous souvenions pas avoir existé avant le corps, nous
sentons pourtant que notre esprit en tant qu'il enveloppe l'idée du
corps sous l'aspect de l'éternité est éternel” Spinoza, Ethique, V, XXI et XXIII, scholie
Spinoza ne nous donne pas une description précise permettant de clairement visualiser comment il conçevait cette existence ayant eu lieu avant/après le corps. Dans cet extrait de l'Amour de la Raison Universelle, je développe une représentation possible d'une existence éternelle au sein de la nature infinie.
Erreur courante: conclure que Spinoza nie l'existence de la liberté
Les
stoïciens croient à la liberté comme une force un peu magique et
indépendante de tout mouvement matériel qui les extraient du monde
physique.
"Les choses
elles-mêmes ne touchent notre âme en aucune manière ; elles n'ont pas
d'accès dans l'âme ; elles ne peuvent ni modifier notre âme, ni la
mettre en mouvement. Elle seule se modifie et se met en mouvement, et
les accidents sont pour elle ce que les font les jugements qu'elle
estime dignes d'elle-même ." Marc-Aurèle, pensées, V, XIX
Spinzoa dénonce cette conception quand il dit que l'homme n'est "pas un empire dans un empire". Spinoza affirme l'omniprésence de la causalité. Il rejette donc
totalement la conception de la liberté fondée sur un hypothétique pouvoir d'interrompre la causalité, mais
il est faux de conclure qu'il rejette pour autant la liberté et même une certaine forme de libre arbitre.
“ [Votre
ami] dit avec Descartes: est libre qui n’est contraint par aucune
cause extérieure. Si par «être contraint» il entend « agir contre sa
propre volonté », j’accorde que dans certaines actions nous ne sommes
nullement contraints et qu’en ce sensnous avons un libre arbitre.” Spinoza, lettre n°58, à Schuller
Si
dans le début et le milieu de l'Ethique, Spinoza fait une critique de
l'illusion de la fausse liberté, provenant de l'ignorance des causes qui nous
déterminent, la fin de la quatrième partie et la cinquième partie sont
consacrés à ce qu'il appelle la "vraie liberté de l''homme" (Spinoza, Ethique, IV, LXXIII, scholie). La liberté est d'ailleurs le titre de la dernière
partie de l'Ethique. Comme la plupart des lecteurs ne savent pas concevoir la liberté
autrement que comme une violation de la causalité universelle, ils concluent que
Spinoza nie la liberté, mais c'est faux. Spinoza
est compatibiliste. Comme son précurseur Giordano Bruno, Spinoza conçoit l'existence d'une réelle liberté
individuelle dans un monde strictement déterminé :
"Que le nécessaire et le libre s'opposent l'un à l'autre, cela n'est pas moins absurde et me paraît contraire à la raison " Spinoza, Lettre LVI à Hugo Boxel
"La
liberté humaine ; je la définis en disant qu'elle est une solide
réalité qu'obtient notre entendement par son union immédiate avec Dieu
pour produire en lui-même des idées et tirer de lui-même des effets qui
s'accordent avec sa nature, sans que ces effets soient soumis à aucunes
causes extérieures" Spinoza, Court traité, II, XXVI
Notons également que Spinoza dénonce Mahomet comme un "imposteur" (lettre XLIII à Osten), justement parce que l'islam nie cette liberté.
Comment l'âme peut-elle produire des causes par elle-même et être libre ? Lorsque Spinoza traite de l’âme humaine, il parle “des lois de sa
nature” (Ethique IV, définition VIII et propositions XVIII, scholie ; XIX ;
XXIV), car selon lui, l’âme n’est
pas un objet entièrement passif, totalement commandé par des causes
extérieures, mais elle “agit” lorsqu’elle a des “idées adéquates”,
c’est-à-dire des idées qui expriment “l'essence de cette âme”(Ethique,
III, I et III). La liberté repose sur "le pouvoir
d'ordonner et d'enchaîner les affections du Corps suivant un ordre
valable pour l'entendement" (Ethique V, XXXIX) c'est-à-dire sur la Raison/l'intellect.
Mais peut-on vraiment qualifier ces actions de libres si le déterminisme est universel? Les explications fournies par Spinoza sur ce point n'ont pas
été comprises par ses contemporains, même bienveillants (Lettre LXXVII de Oldenburg), et bien que je
partage au final la position de Spinoza je trouve que ses explications
sont effectivement insuffisantes sur cet aspect.
Idem chez Lenoir "« Spinoza s’extrait du dualisme métaphysique
traditionnel de l’Occident pour établir un monisme : Dieu et le monde
ne sont qu’une seule et même réalité. Or c’est le coeur même du plus
grand courant philosophique de la pensée indienne : l’Advaïta-Vedanta,
la voie de la non-dualité. (…) Le chemin de la sagesse consiste à
prendre conscience que chaque individu est une partie du Tout cosmique
», Frédéric Lenoir dans Le miracle de Spinoza.
"
En effet, c'est bien l'inverse. Spinoza renverse l'amour de Dieu en amour de soi" "
Spinoza nous explique qu'il y a deux point de vue possibles sur la
nature humaine. Elle peut soit "être conçue par elle seule" soit "en
tant qu'elle est partie de la nature" (Ethique, IV, Chap I). De ces
deux manières de voir, Spinoza choisit de développer à la première. Spinoza explique que toute la force de sa doctrine
vient d'une preuve tirée des “choses singulières”, ce pourquoi, à chaque
fois qu'il a procédé à une identification avec Dieu, il a insisté pour
préciser que celle-ci se produisait “non pas en tant qu’infini, mais en
tant que Dieu s'explique par la nature de l'esprit humain, et constitue l'essence de l'esprit humain”, afin de "[tirer sa conclusion finale] de l'essence même d'une
chose singulière” (Ethique II, XI; V, XXXVI, scholie.). Le dieu de Spinoza
n’est donc pas conçu comme le destin ou une force externe qui dirige
les êtres comme des marionnettes (vision théologico-fataliste), mais
pour Spinoza les êtres de la nature eux-mêmes sont divins, lorsqu’ils ont la raison en eux (vision
humaniste). Ainsi, “la puissance par
laquelle existent et agissent les êtres de la nature est la puissance
même de Dieu” (Traité Politique, chapitre II, 3. Ethique, I, XXXVI)" Extrait des notes de l'Amour de la Raison Universelle
Ethique, IV, Chap I. Tous
les efforts de l'homme, tous ses désirs, résultent de la nécessité de
sa nature propre, de façon qu'ils peuvent être conçus soit par elle seule, comme par leur cause prochaine, soit
en tant qu'elle est une partie de la nature et ne peut conséquemment
être conçue par soi d'une façon adéquate indépendamment des autres
parties.
Ethique, V, XXXVI, scholie. De plus, l'essence de notre âme consistant tout entière dans la connaissance, et Dieu étant le principe de notre connaissance
et son fondement (par la proposition 15, partie 1, et le scolie de la
proposition 47, partie 2), nous devons comprendre très clairement de
quelle façon et par quelle raison l'essence et l'existence de notre âme
résultent de la nature divine et en dépendent continuellement ; et j'ai
pensé qu'il était à propos de faire ici cette remarque, afin de montrer
par cet exemple combien la connaissance des choses singulières, que j'ai appelée intuitive ou du troisième genre (voyez le scolie 2 de la proposition 40, partie 2), est préférable et supérieure à la connaissance des choses universelles
que j'ai appelée du second genre ; car, bien que j'aie montré dans la
première partie d'une manière générale que toutes choses (et par
conséquent aussi l'âme humaine) dépendent de Dieu dans leur essence et
dans leur existence, cette démonstration, si solide et si parfaitement
certaine qu'elle soit, frappe cependant notre âme beaucoup moins qu'une preuvetirée de l'essence de chaque chose singulière et aboutissant pour chacune en particulier à la même conclusion.
Spinoza définit la satisfaction de soi-même comme “une joie
accompagnée de l’idée de soi comme cause” (Ethique, III, LIII, et III,
LI, scholie), et l'appelle simplement “amour de soi” (dans
l’explication de la définition XXVIII).
Rappelons que pour Spinoza, le but de la philosphie est de "se
concevoir adéquatement" et "concevoir adéquatement toutes les choses".
Il fait référence à un soi organisé par la raison.
Ethique IV, chapitre IV"perfectionner
l'Entendement ou la Raison autant que nous pouvons ; et en cela
seul consiste la félicité suprême ou béatitude de l'homme ; car la
béatitude de l'homme n'est rien d'autre que le contentement intérieur
lui-même, lequel naît de la connaissance intuitive de Dieu ; et
perfectionner l'Entendement n'est rien d'autre aussi que connaître Dieu
et les attributs de Dieu et les actions qui suivent de la nécessité de
sa nature. C'est pourquoi la fin ultime d'un homme qui est dirigé par
la Raison, c'est-à-dire le Désir suprême par lequel il s'applique à
gouverner tous les autres, est celui qui le porte à se concevoir
adéquatement et à concevoir adéquatement toutes les choses pouvant être
pour lui objets de connaissance claire."
Le Dieu de Spinoza n'est pas un sujet
"Nous prolongeonsune tradition d’interprétation déjà bien établie. L’idée décidément anti-hégélienne selon
laquelle la substance de Spinoza n’est pas sujet a été soutenue
notamment par P. Macherey dans Hegel ou Spinoza (Paris, La Découverte,
1990), et par G. Deleuze dans Spinoza et le problème de l’expression
(Paris, Éditions de Minuit, 1968)." M Laerke. Immanence et extériorité absolu.
"[Le Dieu-substance de Spinoza] n’est
évidemment pas un Dieu transcendant, ou une Providence, ou comme chez
Hegel, un sujet transcendantal. " Jean-Pierre Béland, la substance chez spinoza et chez tillich
Spinoza et l'Advaïta védanta
- l'Advaïta védanta est un système spiritulaliste. Spinoza tend au contraire au matérialisme.
- l'Advaïta védanta est acosmique. L'acosmisme est
la théorie qui nie la réalité de l'univers matériel, ne le considérant
finalement que comme illusoire (La Māyā). Spinoza ce serait plutôt du
panthéisme cosmique donc de l'objectiviste / du matérialisme.
- l'Advaïta védanta prone la
non-différenciation de l'individu et de la Totalité. Il existe
effectivement une intéprétation fausse de Spinoza qui va dans ce sens.
Elle a été propagée par Bayle, Hegel, les structuralistes... mais
nous l'avons justement dénoncée plus haut et dans notre vidéo.
Le but de Spinoza n'est pas de se diluer dans le
tout, mais de comprendre/connaître le principe du tout en soi qui donne
sa force/légitimité à l'action. C'est donc le CONTRAIRE de ces
doctrines !
- l'Advaïta védanta espère en la libération après le
cycle des réincarnations, ou Moksha (apparenté au Nirvana des
bouddhistes). Il n'y a pas cette culpabilisation/tristesse d'exister
chez Spinoza qui manifeste au contraire sa puissance/joie d'exister.
- l'Advaïta védanta est fondée par le moine Shankara. L'Advaita Vedānta
n'est pas seulement un système philosophique, mais aussi une tradition
de renoncement. Spinoza n'a rien à voir avec les valeurs monastiques et
rejette la compassion, la pitié, l'humilité et même le repentir.
- l'Advaïta védanta est une mystique contaire au rationalisme
métaphysique de Spinoza. Le rejet par Sankara de l'expérience
sensorielle humaine et de la raison pure comme sources de connaissances
valides : c'est-à-dire que la véritable connaissance de brahman ne peut
être atteinte que par une compréhension intuitive, guidée par des
textes sacrés hindous ! Sankara does assert that brahman
surpasses any human rational capacities: “although reasoning may
be noticed to have fnality in some, still in the present context it
cannot possibly get immunity from the charge of being inconclusive.”
Rambachan, Advaita Worldview, 49.
- l'Advaïta védanta rejoint la théologie négative que nous avons
justement déoncé dans notre vidéo comme contraire à Spinoza. Pour le
vedanta la réalité ultime peut seulement être décrite négativement (pas
ceci / Neti neti / Not this, not this”)." Les érudits et les
philosophes de l'Advaita affirment constamment que l'illimité de
brahman (ananta) rend toute tentative de langage descriptif inefficace.
Pour cette raison, le véritable être de brahman est décrit dans
l'Advaita comme nirguna, ou sans caractéristiques.
- l'Advaïta védanta est théiste. Il proclame qu'au niveau
empirique Ishvara (Seigneur Suprême qui a créé le monde) est la cause
de l'univers et celle qui récompense les fruits de chaque action.
D'après Wikipédia,
"les seules preuves de Dieu qu'expose Shankara sont les mentions dans
la Shruti (Révélation : les Véda) de Dieu, Dieu étant hors de la
logique et hors de la pensée. Ceci est similaire à la philosophie de
Kant, qui disait que la « foi » est la base du théisme. (Le dieu de
Spinoza n'est pas hors de la logique, c'est la logique !)
Le monde est un travail — une œuvre pensée, un effet, et donc doit avoir une cause vraie. Cette cause doit être Ishvara.
Le monde a une unité, une coordination et un ordre, donc son dirigeant
doit être une personne intelligente. le monde apparaît très bien
ordonné et harmonieux ; la raison pour ceci ne peut pas être un
principe inconscient, hasardeux. La raison doit être le Brahman.
Les gens font de bonnes et mauvaises actions, et obtiennent en retour
les fruits de leurs actes, dans cette vie ou après. Les gens ne peuvent
pas être leur propre prodigueur de ces fruits, parce que personne ne se
donnerait le fruit de son péché. Aussi, ce donateur ne peut pas être un
objet inconscient. Donc le donateur des fruits du Karma est Dieu."
Bref, ce finalisme théologico-spirituo-mystico-moraliste est le CONTRAIRE de Spinoza.
Spinoza présente des incompatibilités avec le Bouddhisme
- la joie est plus forte que la tristesse (Ethique IV, XVIII)
- sa conception positive du désir, du rire, et de la joie (plutôt épicurien que bouddhiste/stoicien)
- “Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie” (Ethique, IV, LXVII) (encore pro-épicurien contre les bouddhistes/stoïciens)
- Le Dieu-Nature de Spinoza n'est pas un précurseur de l'écologie vegan antispéciste. Contrairement à Descartes, les animaux sentent mais l'homme est supérieur aux animaux et peut les utiliser (Ethique, IV, XXXVII). "l'Âme humaine diffère des autres et l'emporte sur elles" (Ethique, II, XIII, scholie). Pas de pitié et encore moins de compassion universelle chez Spinoza.
- pas de négation du soi ou de quête de dilution du soi (voir ci-dessus: "La glorification de l'individu singulier..."). Pour Spinoza, les hommes tendent à s'unir mais bien parcequ'il ne le sont donc pas déjà unis (Ethique, IV, XVIII, scholie). Il reprend l'adage des humanistes: "l'homme (rationnel) est un dieu pour l'homme". "la nature ne crée pas des nations, elle crée des individus” (TTP, Chapitre XVII) Pas d'impermanence/de maya. Il y a stabilité de l'identité corporelle tant que les rapports dans le corps sont conservés (Ethique II, Lemme VII; Ethique, IV, XXXIX).
L'assimilation de Spinoza au stoïcisme
“L'assimilation
de Spinoza au stoïcisme est sans doute le contresens le plus fréquent qu'on
trouve chez ses commentateurs, même bienveillants et informés”. André Comte-Sponville, Traité du désespoir et de la béatitude(1, 3, III, note).
Pour les stoïciens “le bonheur et le désir ne peuvent se trouver ensemble” “ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la destruction du désir” (Epictète, Entretiens, III, LII et IV, VI), alors que pour Spinoza“personne ne jouit de la béatitude/liberté parce qu'il a contenu ses passions” (Ethique, V, XLII). Contre la conception stoïcienne de la liberté par la destruction des passions, Spinoza observe au contraire qu'“entre toutes les
passions qui se rapportent à l'âme, en tant qu'elle agit, il n'en est
aucune qui ne se rapporte à la joie ou au désir" (Ethique, III, LIX)
Par ailleurs, Spinoza se démarque lui-même des fatalistes:
“ La
considération du fatum en général et de l’enchaînement des causes ne
peut nous servir de rien pour former et lier nos pensées touchant les
choses particulières. J’ajoute que nous ignorons complètement la
coordination véritable et le réel enchaînement des choses ; et par
conséquent il vaut mieux pour l’usage de la vie, et il est même
indispensable de considérer les choses, non comme nécessaires, mais
comme possibles.” Spinoza, Traité Théologico-Politique, chap IV.
note: Spinoza juge également absurde d’invoquer la nécessité pour excuser les criminels (lettre n°58, à Schuller).
Si Spinoza s’oppose donc aux stoïciens sur le désir et les passions
joyeuses et encore sur bien d'autres points essentiels (pas de
finalisme/providence dans la nature, pas de fatalisme pas de fatum, ni de soumission au fatum, pas de liberté dans le suicide), on trouve tout de même chez lui quelque chose
qui sonne
stoïcien: son traitement des passions tristes face à notre confrontation avec le mal / le mauvais.
Le statut du mal et du mauvais: la limite de Spinoza ?
Pour Spinoza, la
connaissance de la nécessité doit éliminer nos jugements et nos sentiments
moraux négatifs, et doit nous amèner directement à la joie.
“ Qui
sait droitement que tout suit de la nécessité de la nature divine et
arrive suivant les lois et règles éternelles de la Nature, ne trouvera
certes rien qui soit digne de Haine, de Raillerie ou de Mépris, et il
n'aura de commisération pour personne ; mais autant que le permet
l'humaine vertu, il s'efforcera de bien faire, comme on dit, et de se
tenir en joie.” “ Un
homme d'âme forte considère avant tout que tout suit de la nécessité de
la nature divine ; que, par suite, tout ce qu'il pense être
insupportable et mauvais et tout ce qui, en outre, lui paraît immoral,
digne d'horreur, injuste et vilain, cela provient de ce qu'il conçoit
les choses d'une façon troublée, mutilée et confuse ; pour cette
raison, il s'efforce avant tout de concevoir les choses, comme elles
sont en elles-mêmes, et d'écarter les empêchements à la connaissance
vraie tels que la Haine, la Colère, l'Envie, la Raillerie, l'Orgueil et
autres semblables notés dans ce qui précède ; par suite, autant qu'il
peut, il s'efforce, comme nous l'avons dit, de bien faire et de se
tenir en joie.” Ethique, IV, L, scholie et IV, LXXIII, scholie
“ Dans la mesure où nous connaissons que Dieu est cause de la Tristesse, nous sommes joyeux” Ethique, V, XVIII, scholie
Certains commentateurs ou adversaires de Spinoza, comme le kantien Luc Ferry,
trouvent que l’argumentation de Spinoza ne fonctionne pas ici,
et à mon avis aussi il y a effectivement un problème. Bien que la
partie critiquée par Luc Ferry n'est pas l'essentiel de la pensée de
Spinoza. Le coeur c'est début et la fin de l'Ethique, comme le démontre
la découverte de manuscrit antérieur à l'Ethique.
La connaissance de la
perfection et de la neutralité
morale de l’ordre naturel suffit-elle pour supprimer la validité des
jugements
et des sentiments moraux négatifs ? Si
j’accorde volontiers
que le fait de s'élever à la compréhension produit en soi une joie, que la
compréhension de la nécessité produit un apaisement, ou encore que la
force d'âme promue par Spinoza et les stoïciens est une manifestation de notre
liberté, il me parait en revanche erroné
d'affirmer que la compréhension suffit à elle-seule à rendre joyeux
(Ethique,
V, XVIII, scholie).
Pour fonctionner ces recettes stoicïennes (courante dans la morale provisoire des milieux
cartésiens) avaient besoin de l'idée providentielle que Dieu est bon,
idée encore discrètement présente dans le court traité et qui disparait, réfutée,
dans l'Ethique. Mais du coup sans le bon dieu, la morale néo
stoicienne ne fonctionne plus, or il reste ces traces dedans
l'Ethique, qui donc n'est pas complètement parvenu à
la cohérence.
Malgré
sa prise de distance avec les stoïciens, Spinoza rejoint ici le
déni stoïcien de l'existence du mal dans le monde. Comme
dans le stoïcisme, il y a ici chez Spinoza un effort pour conformer ses
sentiments à la nature.La
tentation de voir dans l'ordre biologique naturel, moralement neutre,
une sorte de providence naturaliste qui supprime la vérité du mal était également présente chez Giordano Bruno. En procédant de la sorte, Spinoza abolit le conflit entre
l'homme et la nature, et évacue donc ce problème, sans le
résoudre. Bien que l'origine, la
méthode et la conclusion finale de Spinoza me semblent être la bonne,
je trouve qu'il y a là une facilité, une simplification et une confusion dans son
cheminement philosophique qui est insatisfaisant.
Le
mauvais
n'est pas seulement réductible à une privation de connaissance. Certes
ce qui est mauvais pour l'homme n'est pas mauvais pour Dieu, mais cela
reste mauvais pour l'homme ! Donc au
moins
certains de nos jugements de valeur négatifs restent valables, et donc
nos jugements moraux et notre
tristesse humaine ne peuvent disparaitre du seul fait de la
connaissance du tout.
Alors que Spinoza est néo-épicurien pour le désir et pour la
joie, il reste néo-stoïcien pour la tristesse. N'est-ce pas
contradictoire ? Cela créé une tension d'où découle les principaux problèmes d'interprétation.
Si la conscience de la nécessité abolit la tristesse alors elle devrait
aussi abolir la réalité de la joie et de la liberté. Au contraire, si
la conscience du déterminisme n'abolit pas la liberté, le désir et la joie, alors elle
ne devrait pas non plus abolir la tristesse.
A la place donc de ce néo-stoïcisme des passions tristes, il me parait donc plus juste de
reconnaitre l'existence d'un
profond conflit
entre l’ordre humain et le silence de la nature, à l'origine des passions triste
(comme dans l'existentialisme camusien), mais contrairement aux
existentialistes, de proposer enfin une véritable solution philosophique à
ce
problème.
Dans l’Amour de la Raison Universelle,
je montre ainsi une autre voie pour parvenir à l'amour intellectuel de
Dieu décrit par Spinoza, mais sans abolir le conflit entre
l'ordre humain et la nature aveugle, ni supprimer la validité de tout
jugement et
sentiment moral négatif.
L’opposition Raison / Passion
Spinoza n'appelle pas à opposer frontalement la Raison aux passions. Il sait “qu’une passion ne peut être empêchée ou détruite que par une passion contraire et plus forte” (Ethique, IV, VII). Pour vaincre les passions néfastes, il faut cultiver un “amour de la liberté” qui confère en retour la capacité de régler ses passions et s'efforcer “de
connaître les vertus et leurs causes, et de s’emplir l’âme du
contentement que cette vraie connaissance y fait naître... Qui
observera avec soin cette règle et s'exercera à la pratiquer,
parviendra en très peu de temps à diriger la plupart de ses actions
sous l’empire de la raison" (V, X, scholie). Spinoza invite à développer les sentiments de joie produits par la Raison, et conclut que “personne
ne jouit de la béatitude parce qu'il a contenu ses passions, mais le
pouvoir de contenir ses passions tire son origine de la béatitude
elle-même” (V, XLII) Extrait des Notes de l'Amour de la Raison Universelle Spinoza confesse qu'étant jeune “bien
que j'eusse une idée claire de tout ce que je viens de dire, je ne
pouvais cependant bannir complètement de mon cœur l'amour de l'or, des
plaisirs et de la gloire” mais après l’exercice de la méditation philosophique “je
vis que la richesse, la volupté, la gloire, ne sont funestes qu'autant
qu'on les recherche pour elles-mêmes, et non comme de simples moyens ;
au lieu que si on les recherche comme de simples moyens, elles sont
capables de mesure, et ne causent plus aucun dommage ; loin de là,
elles sont d'un grand secours pour atteindre le but que l'on se propose”(traité de la réforme de l'entendement) “Tous les désirs ne sont des passions proprement dites (c’est à dire des influences subies) qu'en
tant qu'elles naissent d'idées inadéquates ; mais en tant qu'ils sont
excités et produits par des idées adéquates, ce sont des vertus” qui s’accordent avec la Raison (Ethique, V, IV, scholie).
“ On pense que l'esclave est
celui qui agit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon
son bon plaisir. Cela cependant n'est pas absolument vrai, car en
réalité être captif de son plaisir et incapable de rien voir, ni faire
qui nous soit vraiment utile, c'est le pire des esclavages, et la
liberté n'est qu'à celui qui de son entier consentement vit sous la
seule conduite de la Raison ” Spinoza,Traité-théologico-politique, chap. XVI
Le but de l'Ethique:
la vraie Morale c'est l'inverse de la morale des croyants !
- La loi morale est une loi humaine. Elle n'est pas divine."toutes les lois qui ne peuvent pas être transgressées sont des lois divines " "les lois de Dieu ne sont pas d'une nature telle qu'elles puissent être transgressées" CT, XXIV "Si,
par exemple, Dieu avait dit à Adam : Je ne veux pas que vous mangiez du
fruit de l’arbre du bien et du mal, il impliquerait contradiction
qu’Adam pût manger de ce fruit" TTP.
- Morale de l'égoisme rationel. "mon
motif a été d'attirer l'attention de ceux qui croient que le principe
selon lequel chacun est tenu de chercher ce qui lui est utile est
l'origine de l'immoralité, et non de la vertu et de la moralité. Après
avoir montré brièvement que c'est tout le contraire..." Ethique IV, XVIII, scholie "l'effort pour se conserver soi-même est le premier et unique fondement de la vertu." Ethique IV, XXII, corollaire.
- l'Etre morale est l'Etre Rationnel qui seul agit et est libre
"Qui est dirigé par la Crainte et fait ce qui est bon pour éviter un mal, n'est pas conduit par la Raison." Ethique IV, LXIII "les hommes sont dits actifs dans la mesure seulement où ils vivent sous la conduite de la Raison (Prop. 3, p. III)" Ethique IV, XXXV "L'homme,
en tant qu'il est déterminé à faire quelque chose parce qu'il a des
idées inadéquates, ne peut être dit absolument agir par vertu ; mais
seulement en tant qu'il est déterminé parce qu'il a une connaissance." Ethique IV, XXIII "La Béatitude n'est pas le prix de la vertu, mais la vertu elle-même" Ethique V, XLII
"C'est aux esclaves, non aux hommes libres, que l'on fait un cadeau pour les récompenser de s'être bien conduits" TTP
"celui-là seul qui ne rend à chacun son droit que par crainte de la
potence, obéit à une autorité étrangère et sous la contrainte du mal
qu’il redoute ; le nom de juste n’est pas fait pour lui. Au contraire,
celui qui rend à chacun son droit parce qu’il connaît la véritable
raison des lois et leur nécessité, celui-là agit d’une âme ferme, non
par une volonté étrangère, mais par sa volonté propre, et il mérite
véritablement le nom d’homme juste." TTP