Démasquer la fausse rationalitédes philosophes contemporains
Etienne Klein, Michel Onfray, André Comte-Sponville, Raphael Enthoven... et les autres
Nous analysons ici la position philosophique de plusieurs contemporains que l'on
pourrait tenir, à première vue, pour proche de nous. Malgré l'intérêt que l'on peut porter à leurs travaux et à la qualité de leurs interventions, il s'agit ici de montrer leur
incapacité à s'élever au rationalisme intégral.
Identifier et dénoncer les limites de ces penseurs
nous paraît
essentiel, pour ne pas se perdre en confusion en les écoutant mais bien
savoir que l'on a affaire à des demi-rationalistes et non à des vraies
Lumières.
Etienne Klein
Etienne
Klein est un excellent vulgarisateur de la physique, mais un piètre
philosophe. A propos de la question de l'origine de l'univers, il nous dit "il n'y a
pas de conflit entre la science et la religion !" "la
question de l'origine est trop grande pour nous" "Ma conclusion c'est
comme un match de football, Stephen Hawkins Jean-Paul II, c'est un but partout la balle au centre !"
Nous désapprouvons totalement cette analyse complaisante envers la théologie. Non Monsieur Klein,
il n'y pas que le choix entre l'absurde cause incausée (c'est-à-dire le dieu transcendant du monothéisme)
et la régression à l'infini que vous feignez de rendre inintelligible. Etudiez sérieusement Spinoza, Démocrite ou lisez notre essai !
Note: lors de son passage sur la Tronche en Biais, Etienne Klein réitère à 51:45 : "l'origine absolue n'est pas pensable". Nous soutenons le contraire dans notre essai. Il tient à nouveau des propos ambigus pour la chaîne Catholique Le jour du Seigneur.
Michel Onfray a, comme nous, un point de vue nietzschéen sur l'histoire de la philosophie occidentale. Nous
avons trouvé salutaires ses critiques de Platon, Kant, Hegel, Heidegger...
dans sa contre-histoire de la philosophie, même si nous avons trouvé
qu'il ne rendait pas sa grandeur à Démocrite, Epicure, Spinoza et avait oublié Giordano Bruno.
Mais quelle ne fut pas notre déception et même
notre indignation lorsqu'après
13
longues années à dénonçer la
soumission de la philosophie à la religion chrétienne nous découvrons
que Michel Onfray conclut toute sa contre-histoire pour ensuite nous faire l'éloge
du vitalisme de Bergson ! Il balaie la critique
rationaliste et matérialiste de l'élan vital et sa réfutation par la science moderne !
Enfin, comment peut-il donc dénoncer le proto-christianisme de Platon et le
christianisme de Kant
pour enfin admirer Bergson qui déclarait pourtant que son cheminement philosophique l'avait conduit à vouloir se convertir au christianisme ? Comme sur de nombreux
autre sujets, Michel Onfray est incohérent, inconséquent et devrait
relire ce que George Politzer avait écrit contre Bergson !
Onfray fait désormais de la théologie-quantique fataliste à propos du réchauffement climatique
André Comte-Sponville
André Comte-Sponville nous est sympathique d'autant qu'il aime, comme
nous, beaucoup Epicure et Spinoza. Toutefois, à 10:15, il nous
dit: "il n'y a pas de réponse possible à la question: pourquoi y a-t-il
quelque chose plutôt que rien ? L'être est inexplicable. C'est un
mystère. Il n'y a pas de solution envisageable."
Non monsieur Comte-Sponville, ni Spinoza, ni Epicure, ni Démocrite ne
pensent comme cela. Ca c'est le discours irrationaliste du crypto-théologien Martin
Heidegger !
Les Faux-Amis de Spinoza: Raphael Enthoven, Frédéric Lenoir...
Raphael Enthoven aime beaucoup Spinoza, mais représente-t-il le spinozisme ? Dans cette vidéo, il
semble être un disciple de Spinoza jusqu'à 1:23 et puis après tout s'effondre.
On entend les mots: "mystique, informulable, indicible, théologie
négative, perplexe, juif/judaïsme, Lévinas, talmud, kabbaliste..." pour caractériser
sa position. Mais tout cela est anti-Spinoza ! Selon Enthoven, "on ne peut jamais dire ce que le monde est en vérité", donc il n'est pas un authentique disciple de
Spinoza. Il lui manque le plus important: le vrai rationalisme.
Enfin à 2:00, Non
monsieur Enthoven ! Un philosophe ne peut pas avoir de religion ; sinon il est juste un théologien ! - Pour Spinoza le réel est totalement intelligible donc "informulable, indicible, perpexple" c'est un contre-sens total. -
Spinoza définit Dieu (infini, éternel, immuable, nécessaire, libre,
unique...) donc c'est le contraite de la théologie négative qui se réfuse de le définir. De
plus Spinoza est un anti-théoligien. Il n'y a pas de tentative
d'argumentation rationelle (le logos) pour essayer de justifier une
croyance
irationelle en Dieu (le theos), car pour Spinoza le logos c'est le
theos. Pour lui, la
théologie n'a aucun accès à la vérité et s'adresse seulement au vulgaire pour le faire obéir (TTP).
- Spinoza nous dit des kaballistes que "la folie de ces charlatants
dépasse tout ce qu'on peut en dire" (TTP). C'est un rejet et une
condamnation totale de la mystique. - Spinoza rejette le judaïsme. - Selon
Lévinas, Spinoza est un "traître". Lévinas s'opposa à Ben Gourion qui
conduisit une campagne pour réhabiliter Spinoza, qui échoua puisque les
rabbins reconduiront l’excommunication de 1656.
Le cas de Frédéric Lenoir est encore plus grave, étant donné que Lenoir
affirme que Spinoza est son philosophe favori mais en même temps il se
déclare "chrétien agnostique" qui "prit" "quotidiennement". Partisant de la "théologie apophatique", il nous dit que "Jésus
l'aime" et que Jésus-Christ est "le seul maître spirituel" (dans sa
conférence: Redécouvrir la force de l’Évangile)
Dans sa très intéressante série sur l'Ecume de l'Espace-temps, Le
physicien Jean-Pierre Luminet, physicien, nous dit: "l'œuvre des grands créateurs dans le
domaine de la physique fondamentale ne laisse que rarement apparaitre un arrière-plan
philosophique qui la fonde. En première lecture, on est la plupart (des fois)
tenté de conclure à un rationalisme extrême [...] en réalité se cache souvent
un profond intérêt pour tout ce qui est attrait aux régions obscures de la
réalité [...] le cas Kepler [..] selon lui le pouvoir de persuasion du système
copernicien s'exerce avant tout chez Kepler grâce non pas à l'astronomie mais à
la correspondance qu'il y voit avec le symbole de la trinité qui est un archétype
de la pensée chrétienne. Cette conception de la nature selon lequel l'ordre
unitaire du cosmos n'est initialement pas formulable de façon rationnel renvoi
pour l'essentiel à Platon et au néoplatonisme de Plotin et Proclus..."
L'Invention libre dans la découverte créative
Bien que nous soyons globalement d'accord avec la critique (einsteinienne)
de l'empirisme borné énoncée ici par monsieur Luminet, non monsieur
Luminet, Einstein est au contraire partisan d'un "rationalisme extrême"
position que vous semblez soit méconnaitre (voyez notre essai), soit que vous caricaturez pour la rejeter (par complaisance envers la pensée théologique qui contamine encore tant d'esprits ?).
Les scientifiques spiritualistes Roger Penrose, Thibault Damour, Andrei Linde ect...
Les faux-amis de la religiosité cosmique d'Einstein: Trinh Xuan Thuan, les Bogdanoff, Fabien Amouroux...
Dans
sa conférence "Einstein, une philosophie du cosmos" à 50:10 Fabien Amouroux nous dit "le panthéiste considère qu'il y a une intention
créatrice à l'origine de l'univers" et il oppose cette conception
au matérialisme athée où l'univers est régit par le hasard (idem à 1:11:28).
Certes,
le panthéisme croit généralement en une divinité intentionnelle, mais
erreur ! Einstein n'est pas de ce panthéisme là ! Einstein n'est pas panthéiste (tout court), il se sent proche du
panthéisme (rationaliste) de Spinoza. C'est très différent ! La mécompréhension de cette nuance essentielle amène à une fausse conclusion.
Einstein nous dit: "Je ne sais pas si je peux me définir comme panthéiste"
et plus loin dans le même entretien "Je suis fasciné par
le panthéisme de Spinoza." George Sylvester
Viereck's book Glimpses of the Great (1930)
Einstein nous dit que sa religiosité cosmique est "quelque chose de différent du sentiment que l’on appelle
généralement religieux. C’est plus un sentiment d'admiration pour l’ordre qui
se manifeste dans l’univers matériel" Il précise à propos de l'univers que "Je ne me sens pas non plus capable d’imaginer une volonté
ou un but hors de la sphère humaine" "Je n'ai jamais imputé à la Nature un but ou un objectif".
à 56:52, Fabien Amouroux ajoute "on ne va pas tomber dans une explication uniquement rationnelle et matérialiste des choses", mais Einstein était un rationaliste matérialiste ! Spinoza est aussi conceptuellement très proche du matérialisme
athée.Enfin, Fabien conclut à 1:20:28 que "la relativité nous permet une pensée personnelle parce que tout est relatif".
Catastrophique ! Non la religiosité cosmique d'Einstein est justement
l'affirmation d'une véritée objective absolue qui s'oppose à ce relativiste généralisé ! (voir notre essai)
Les croyants qui croient que la science prouve leur Dieu chrétien
Michel-Yves Bolloré, Olivier Bonnassie, Yves Dupont, Jean Staune....
Les théologiens de l'histoire Jean-Marie Frey ect...
Jean-Marie Frey est un très bon conférencier, très clair...Dans
cette vidéo, il présente le point de départ de la philosophie de Hegel
sur l'histoire que nous dénonçons ici, car elle se présente comme
rationnelle alors qu'elle repose en fait sur des présupposés
théologiques.Attention donc à sa définition de la Raison qui est une entourloupe de Hegel
pour nous piéger. Hegel a substitué une causalité théologique à la causalité logique. Ne pas se laisser
piéger dans les fausses catégories de l’adversaire. Hegel n'est pas du
tout rationnel.
► La fausse "Causalité théologique" chez Freud Jean-Marie Frey construit sa philosophie sur l'espérance que nos vies a un sens (défini par un extérieur caché) et
que le monde n'est pas livré au hasard, mais ceci n’est qu’un désir
spirituo-religieux qui n'a pas sa place comme point de départ en
philosophie (qui est d’abord le constat froid de la vérité) mais
qui est bien l’origine de l'hégélianisme et de ses nombreux dérivés.
En effet, si on retire ce préjugé théologique implicite de cette pensée alors oui tout l’édifice s'effondre...
De plus, affirmer comme il le fait, que "si le monde est livré au hasard,
la vie n'a pas de sens" est un sentiment de théologien que je récuse
totalement. Sur le plan psychologique, c'est un signe de faiblesse, de
décadence, d'absence de volonté propre capable de donner soi-même un
sens à sa vie.
« Celui
qui ne sait pas mettre sa volonté dans les choses veut du moins leur
donner un sens: ce qui le fait croire qu’il y a déjà une volonté en
elles » Nietzsche, Le crépuscule des Idoles, Maximes et pointes
Enfin, remarquons que ce n'est pas un salut individuel qui nous est
proposé, mais une providence globale qui oublie voire écrase l'individu. L'hégélianisme
est bien la matrice des totalitarismes passés, présents et futurs et
s'oppose au rationalisme humaniste où c'est au contraire le talent d'un seul individu, là par hasard, qui
peut changer la destinée (exemple: Winston Churchill qui sauve l'Europe en juin 1940 ou Constantin qui précipite la chute de l'empire romain au IVe siècle en se convertissant au christianisme).
Les scientifiques postmodernistes Aurélien Barrau ect..
Malgré un bon travail de vulgarisation du concept de multivers pour le public francophone,
Aurélien Barrau est un partisan du relativisme post-moderne.
Conclusion
Toutes ces erreurs proviennent d'une mécompréhension du
statut du
principe de Raison (qui n'est pas universel chez nos contemporains) et qui laisse ainsi
la porte ouverte à la fausse philosophie irrationnelle. Aucun d'eux ne
condamne fermement la théologie
comme une imposture intellectuelle, et certains s'accommodent même avec un mysticisme voire une croyance
religieuse. Si nous voulons favoriser un retour des vraies Lumières,
il faut rétablir la suprématie de la rationalité dans son entièreté,
ainsi que nous le proposons dans notre essai philosophique.