et ladisparition de la philosophie et de la civilisation Gréco-Romaine
causées par le christanisme ?
La question de la responsabilité du christianisme dans l'effondrement
de l'empire romain d'Occident au Ve siècle ne peut pas être balayée
comme
étant seulement la thèse de
Voltaire, Nietzsche et d'autres libre-penseurs anti-chrétiens. C'était la prédiction du philosophe païen Celse
au IIe siècle en cas de convertion de l'empire au christianisme, et les
contemporains du sac de Rome (en 410 par les Wisigoths) jugèrent que l'adoption toute récente du christianisme (en 395) était la cause directe de cette catastrophe. Saint-Augustin écrivit justement la cité de Dieu contre les païens pour répondre à cette polémique (voir les chapitres 1-5 et chez Orose).
On retrouve cette accusation chez divers auteurs du Vème siècle, par
exemple l'historien païen Zosime, mais finalement aussi le chrétien Salvien qui "soutient également que c’étaient les dérèglements des chrétiens qui avaient attiré les ravages des barbares" (Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romaines, chap.19).
Sur cette page, nous nous proposons de donner des clefs de
compréhension de la chute de Rome, de l'Occident, et plus largement de la civilisation gréco-romaine
et éclairer en particulier la question de la co-responsabilité ou non
du
christianisme dans ce désastre. L'effondrement de la civilisation
gréco-romaine est à l'évidence due à de multiples causes non exclusives
(on compte plus de 210 théories) mais qui aboutissent au final à son
remplacement par la civilisation judéo-chrétienne.
En suivant "Histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain : Rome de 96 à 582". Edward Gibbon (Robert Laffont. 1983) mais aussi d'autres sources plus récentes, nous observons que la chute de
l'empire romain d'Occident s'est déroulée en 3 grandes étapes:
1 - la déstabilisation:
mutation culturelle (IIIe
siècle)
2 - le basculement: changement de religion et donc de civilisation (IVe siècle)
3 - l'effondrement:
les invasions barbares (Ve
siècle)
L'antiquité gréco-romaine un sommet de la civilisation (Ve siècle avant JC - IIe siècle après JC)
- L'antiquité gréco-romaine est la période de 7 siècles qui va de Périclès à Marc-Aurèle. Cette civilisation atteint son apogée au IIe
siècle, sous les Antonins, époque de paix, de prospérité et de bonheur
presque généralisé.
- Le IIe siècle romain: un sommet du dévelopement humain.L'Empire romain avait atteint au IIe siècle un niveau de
dévelopement
humain et une prospérité encore inégaliée à son époque. Au XVIIIe
sicèle, Gibbon pouvait encore écrire que la population de l'empire romain de cette époque "excède
peut-être celle de l’Europe moderne, et qui forme la société la plus
nombreuse que l’on ait jamais vue réunie sous un seul gouvernement"(Chap II. p31). En effet, Alexandrie comptait au moins un demi-million d'habitant et Rome plus d'un million d'habitant, un niveau que Paris et Londres n'atteignent qu'au XIXe sicèle !
De même, l'armée romaine compte 500 000 hommes, et
peu déplacer des dizaines légions comptant au total plusieurs centaines
de milliers
hommes, des effectifs très supérieurs à celui des croisades et qui ne
sera
clairement dépassé qu'à l'époque napoléonienne.
Malgré la méconnaissance de découvertes essentielles de la
renaissance nécessaires au monde moderne
(pomme de terre, mécanisation,...), le génie de l'organisation
antique avait permis un niveau de développement sans précédent,
nettement visible dans les biens de consommations. L'historien-archéologue Bryan Ward-perkins
insiste que dans l'empire romain ce dévelopement des biens de
consomation touche même les classes modestes dans des provinces reculées comme la bretagne.
La conclusion de ce tableau est qu'il s'est passé une catatrophe d'une ampleur considérable à la
fin de l'antiquité et que si l'on pouvait allier aujourd'hui le génie
moral et civique des anciens à la puissance technologique conférée par
la science moderne, on pourrait amener l'humanité bien plus loin sur
le chemin du progrès.
Félicité générale: "Malgré
le penchant qu’ont tous les hommes à vanter le passé et à se plaindre
du présent, les Romains et les habitans des provinces sentaient
vivement et reconnaissaient de bonne foi l’état heureux et tranquille
dont ils jouissaient. « Ils conviennent tous que les vrais principes de
la loi sociale, les lois, l’agriculture, les sciences, enseignées
d’abord dans la Grèce par les sages Athéniens, ont pénétré dans toute
la terre avec la puissance de Rome, dont l’heureuse influence sait
enchaîner, par les liens d’une langue commune et d’un même
gouvernement, les Barbares les plus féroces. Ils affirment que le genre
humain, éclairé par les arts, leur est redevable de son bonheur et d’un
accroissement visible : ils célèbrent la beauté majestueuse des villes
et l’aspect riant de la campagne, ornée et cultivée comme un jardin
immense : ils chantent ces jours de fêtes, où tant de nations oublient
leurs anciennes animosités au milieu des douceurs de la paix, et ne
sont plus exposées à aucun danger. » Quelque doute que puisse faire
naître le ton de rhéteur et l’air de déclamation que l’on aperçoit dans
ce passage, ces descriptions sont entièrement conformes à la vérité
historique." (Chap II, p42).
L'Empeur Romain: un monarche républicain au service du bonheur du peuple. "S’il fallait déterminer dans quelle période de l’histoire du monde
le genre humain a joui du sort le plus heureux et le plus florissant,
ce serait sans hésiter qu’on s’arrêterait à cet espace de temps qui
s’écoula depuis la mort de Domitien jusqu’à l’avénement de Commode. Un
pouvoir absolu gouvernait l’étendue immense de l’empire, sous la
direction immédiate de la sagesse et de la vertu. Les armées furent
contenues par la main ferme de quatre empereurs successifs, dont le
caractère et la puissance imprimaient un respect involontaire, et qui
savaient se faire obéir, sans avoir recours à des moyens violens. Les
formes de l’administration civile furent soigneusement observées par
Nerva, Trajan, Adrien et les deux Antonins, qui, chérissant l’image de
la liberté, se glorifiaient de n’être que les dépositaires et les
ministres de la loi. De tels princes auraient été dignes de rétablir la
république, si les Romains de leur temps eussent été capables de jouir
d’une liberté raisonnable."L'antonin Marc-Aurèle fut le dernier grand empereur:"Sa
mémoire fut longtemps chère à la postérité ; et plus d’un siècle
encore après sa mort, plusieurs personnes plaçaient l’image de
Marc-Aurèle parmi celles de leurs dieux domestiques" Chap III, p58.
"L’aspect de la
cour répondait aux formes de l’administration. Si nous en exceptons ces
tyrans qui, emportés par leur folles passions, foulaient aux pieds
toutes les lois de la nature et de la décence, les empereurs
dédaignèrent une pompe dont l’éclat aurait pu offenser leurs
concitoyens, sans rien ajouter à leur puissance réelle. Dans tous les
détails de la vie, ils semblaient oublier la supériorité de leur rang :
souvent ils visitaient leurs sujets, et les invitaient à venir partager
leurs plaisirs ; leurs habits, leur table, leur palais, n’avaient rien
qui les distinguât d’un sénateur opulent : leur maison, quoique
nombreuse et brillante, n’était composée que d’esclaves et
d’affranchis. Auguste ou Trajan aurait rougi d’abaisser le dernier des
citoyens à ces emplois domestiques que les nobles les plus fiers de la
Grande-Bretagne sont aujourd’hui si ambitieux d’obtenir dans la maison
et dans le service personnel du chef d’une monarchie limitée." "Dans les
républiques d’Athènes et de Rome, la modestie et la simplicité des
maisons particulières annonçaient l’égalité des conditions, tandis que
la souveraineté du peuple brillait avec éclat dans la majesté des
édifices publics. L’introduction des richesses et l’établissement de la
monarchie n’éteignirent pas tout-à-fait cet esprit républicain. Ce fut
dans les ouvrages destinés à la gloire et à l’utilité de la nation, que
les plus vertueux empereurs déployèrent leur magnificence. Le palais
d’or de Néron avait excité à juste titre l’indignation ; mais cette
vaste étendue de terrain envahie par un luxe effréné, servit bientôt à
de plus nobles usages."Chap II, p35
Le progrès morale et sociétal
- La méritocratie républicaine. "[L'Empereur]
Vespasien, né dans l’obscurité, ne tirait aucun lustre de ses ancêtres
: son aïeul avait été soldat, et son père possédait un emploi médiocre
dans les fermes de l’état." (ChapIII, p55). Egalité juridique de tous les citoyens devant la loi (la loi des 12 tables en 451 avant JC: le "1789 romain").
- Conditions des esclaves.
L'antiquité part d'un niveau très bas, proche de l'état de nature,
mais on observe malgré tout progressivement un adoucissement de la conditions des
esclaves et des lois nouvelles pour les protéger des abus (Gibbon, Chap II,
p23/30). La condition des esclaves est meilleur sous les Antonins que sous les premiers empereurs chrétiens (Patrice Larroque. De l'esclavage chez les nations chrétiennes). - Conditions des femmes.
A partir d'Auguste, les femmes sont émancipées de la tutelle de leur
mari après leur troisième enfants.
La place majeure des Vestales dans la religion romaine montre également
une différence notable avec le catholicisme et l'islam ou aucune
fonction religieuse d'importance est occupée par des femmes. -Politique sociale.
Les empereurs distribuent du pain gratuitement à la population. Trajan
crééa l'aide alimentaire pour les enfants démunis. De même, Marc-Aurèle
crééa un orphelinat pour jeune-filles abandonnées.
-La paix. "Adrien et les deux Antonins s’attachèrent également au système général
embrassé par Auguste. Ils persistèrent dans le projet de maintenir la
dignité de l’empire, sans entreprendre d’en reculer les bornes : on vit
même ces princes employer toutes sortes de moyens honorables pour
gagner l’amitié des Barbares. Leur but était de convaincre le genre
humain que Rome, renonçant à toute idée de conquête, n’était plus
animée que par l’amour de l’ordre et de la justice."
"Les contrées soumises à Trajan et aux Antonins étaient étroitement
unies entre elles par les lois, et embellies par les arts. Il pouvait
arriver qu’elles eussent à souffrir occasionnellement de quelques abus
du pouvoir confié aux délégués du souverain ; mais en général le
principe du gouvernement était sage, simple et établi pour le bonheur
des peuples. Les habitans des provinces exerçaient paisiblement le
culte de leurs ancêtres, et, confondus avec les conquérans, ils
jouissaient des mêmes avantages, et parcouraient d’un pas égal la
carrière des honneurs." (Gibbon, Chap I, p6) -l'irreligion.
"Cicéron se servit des armes de la raison et de l’éloquence pour
combattre les systèmes absurdes du paganisme : mais la satire de Lucien
était bien plus faite pour les détruire : aussi ses traits eurent-ils
plus de succès. Un écrivain répandu dans le monde ne se serait pas
hasardé à jeter du ridicule sur des divinités qui n’auraient pas déjà
été secrètement un objet de mépris aux yeux des classes éclairées de la
société. Malgré l’esprit d’irréligion qui s’était introduit dans le
siècle des Antonins, on respectait encore l’intérêt des prêtres et la
crédulité du peuple. Les philosophes, dans leurs écrits et dans leurs
discours, soutenaient la dignité de la raison, mais ils soumettaient en
même temps leurs actions à l’empire des lois et de la coutume. Remplis
d’indulgence pour ces erreurs qui excitaient leur pitié, ils
pratiquaient avec soin les cérémonies de leurs ancêtres, et on les
voyait fréquenter les temples des dieux ; quelquefois même ils ne
dédaignaient pas de jouer un rôle sur le théâtre de la superstition, et
la robe d’un pontife cachait souvent un athée."
- Tolérance de la diversité religieuse et lutte contre les fanatiques.
Les romains polythéistes étaient généralement assez tolérants envers les
diverses
formes de culte dans l'Empire. Chaque peuple pouvait honorer ses dieux.
Toutefois, les romains combattait férocement
certaines formes de superstition qui les révoltait. En particulier, les
druides celtes avaient interdit l'écriture, pratiquaient des
sacrifices humains et fomentaient des révoltes contre le pouvoir
Romain, ce pourquoi leur religion fut interdite en Gaule puis en
Bretagne (Gibbon chap II, p24). De même, le fanatisme des juifs et l'intolérance des prédicateurs
chrétiens causèrent des conflits récurrents avec les Grecs et les Romains.
1 - la déstabilisation de la culture gréco-romaine classique (IIIe siècle)
- A la fin du IIe siècle, le philosophe païen Celse préditla chute future de l'empire romain si un terme n'est pas rapidement mis
à la diffusion du christianisme. Le très sage et très modéré empereur
Marc-Aurèle prend des mesures contre les agitateurs chrétiens qui
prônent l'intolérance religieuse et refusent de participer au culte
impérial (religion civile). Les condamnations (persécutions) de
chrétiens s'intensifient
sous Marc-Aurèle. Un de ses maîtres stoïcien, Quintus Junius Rusticus,
préside le procès et la condamnation à mort de Justin de Naplouse.
Toutefois,
le stoïcien Marc-Aurèle voyait l'action providentielle des dieux dans
l'attribution des parents et des enfants. Sous l'effet de cette
croyance, et aussi pour éviter à son fils un assassinat certain s'il ne
devenait pas Empereur, il laisse le jeune Commode lui succéder plutôt que de choisir le plus apte à gouverner comme l'avait fait ses prédécesseurs. La succession filiale avait déjà créé des graves crises
au Ier siècle (avec Caligula, Néron, Domitien) qui avaient pu être jugulées par la
nomination de Vespasien puis des Antonins. Là, la melagomanie d'un
nouveau fils
d'empereur fut la cause d'une nouvelle crise mais qui ne fut cette
fois-ci pas corrigée et produisit un engrenage de désastres qui
aboutirent au final à la chute de l'empire Romain.
Étonnamment, Commode fut aussi le premier à tolérer le christianisme... D'une manière générale, les
empereurs favorables au christianisme vont globalement affaiblir l'empire(Commode, les Sèvères, Phillipe, Gallien, Valens...),
tandis que les
défenseurs de la romanité vont combattre cette religion, mais après
Marc-Aurèle leur
règne fut le plus souvent très courts. La mort tragique, accidentelle et
prématurée de Pertinax en 193, Gordien en 238, Dèce en 251,
Claude en 270, Aurélien en 275, Probus en 282 et enfin Julien en 363 sont une explication
supplémentaire à la chute
de l'empire qui a vraiment manqué de chance car aucune des diverses
tentatives ultérieures de restauration de la romanité n'a jamais eu le temps
d'aboutir.
- Les orientations philosophiques peu éclairées des nouveaux empereurs: Commode était sous l'influence de sa favorite, Marcia, patrone des chrétiens. Contre le sage avis de son père Marc-Aurèle, Commode inaugure la
tolérance du christianisme dans l'empire et soutien l'évèque de Rome. "Par
une fatalité singulière, les maux [que les chrétiens] avaient endurés sous le
gouvernement d'un prince vertueux cessèrent tout à coup à l'avènement
d'un tyran" (Gibbon, chapXVI, p407). Commode fut en effet l'un des pires empereur romain. Sous son règne, le sénat s'orientalise permetttant ensuite à la superstition de continuer de se développer sous la dynastie des Sèvères
avec l'appui du pouvoir impérial. L'empereur Septime Sèvère "comme presque tous les Africains, s’appliquait avec la plus grande ardeur aux vaines études de la divination et de la magie"
(chap VI).
Il introduit le philosophe sophiste Flavius Philostratus
à sa cour et sa femme, l'impératrice Julia Domna, lui commande une vie
d'Apollonios de
Tyane (un néo-jésus-christ faiseur de miracles), que Lucien de
Samosate moquait comme un charlatan. La nourice et le précepteur
de
Caraccala étaient tous deux chrétiens (Gibbon, chap XVI, p407). La nièce de Julia
Domna, Julia Mamaea, mère du futur empereur Alexandre-Sévère,
s'intéressait aussi vivement aux choses du christianisme et pour ses
dévotions, l'empereur Alexandre-Sèvère réunit les portraits de saints
personnages, parmi lesquels Apollonius de Tyane, le Christ, Abraham et
Orphée (Gibbon p408/409).
Le
christianisme continue ainsi de se diffuser sans obstacle majeur après Marc-Aurèle(les quelques persécutions sont courtes et d'ampleur limitées) et le christianisme bénéfie en fait le plus souvent du soutien du pouvoir impérial.
- le néoplatonisme.
Au milieu du IIIe siècle, l'empereur Gallien donne une reconaissance
publique au christianisme et fait venir le néoplatonicien
Plotin à sa cour. L'appui impérial favorise cette nouvelle orientation
de la philosophie."Les nouveaux
platoniciens s’épuisaient en disputes de mots sur la métaphysique.
Occupés à découvrir les secrets du monde invisible, ils s’appliquaient
à concilier Platon avec Aristote sur des matières aussi peu connues de
ces philosophes que du reste des mortels ; et, tandis qu’ils
consumaient leur raison dans des méditations profondes, mais
illusoires, leur esprit demeurait exposé à toutes les chimères de
l’imagination. Ils prétendaient posséder l’art de dégager l’âme de sa
prison corporelle ; ils se vantaient d’avoir un commerce familier avec
les esprits et avec les démons et, par une révolution bien étrange,
l’étude de la philosophie était devenue l’étude de la magie. Les
anciens sages avaient méprisé la superstition du peuple : après en
avoir déguisé l’extravagance sous le voile léger de l’allégorie, les
disciples de Plotin et de Porphyre s’en montrèrent les plus zélés
défenseurs" "Fanatisme des
philosophes: On est surpris et scandalisé que les philosophes
eux-mêmes aient voulu abuser de la crédulité superstitieuse des hommes,
et qu’ils aient cherché à soutenir les mystères grecs par la magie ou
théurgie des platoniciens. Ils se vantaient audacieusement de pouvoir
contempler l’ordre mystérieux de la nature, pénétrer les secrets de
l’avenir, commander aux démons inférieurs, jouir de la vue et de la
conversation des dieux supérieurs ; et, en dégageant l’âme de ses liens
matériels, réunir à l’esprit divin cette immortelle particule de son
être infini... [confirmant] cette alliance monstrueuse de la
philosophie et de la superstition" (chap XIII p291. chap XXIII, p 638).
- Fragilité Culturelle. Le christianisme est également favorisé par l'ouverture trop rapide de la citoyenneté romaine à des peuples peu éclairés qui fragilisent la culture gréco-romaine (exemple: édit de Caracalla Sèvère en 212)et qui, comme les barbares se convertissent facilement au christianisme. Au milieu du IIIe siècle, « les
35 tribus (originelles) du peuple romain composées de guerriers, de magistrats et de
législateurs avait disparu dans la masse commune du genre humain: elles
étaient confondues avec des millions d'esclaves habitants des
provinces, et qui avait reçus le nom de Romains, sans adopter le génie
de cette nation si célèbre. La liberté n'était plus le partage que de
ces troupes mercenaires levées parmi les sujets et les barbares des
frontières qui souvent abusaient de leur indépendance. Leurs choix
tumultuaires avaient élevés sur le trône de Rome un Syrien, un Goth, un
Arabe et les avaient investi du pouvoir de gouverner despotiquement les
conquêtes de la patrie des Scipions » (Gibbon, chap VII, p145). Ce problème s'aggrave dramatiquement au IVeme siècle
après les réformes militaires désastreuses de Constantin (Michel de Jaeghere. Les derniers jours, la fin de l'empire romain d'Occident) - La terrible crise du IIIe siècle.Depuis le tyran Commode, mauvaise gouvernance + épidémies + fiscalité qui asphyxie l'économie -> crise économique + famines + baisse
de la
natalité + défaites militaires + premières invasions barbares. Ceci conduit l'empire à une très grave crise qui atteint son
apogée avec la faiblesse de l'empereur Gallien, occupé à converser avec Plotin et qui
laisse l'empire non-défendu se disloquer, envahi de toute part par les
barbares.
- Une Correction insuffisante.
Après l'apocalypse entre 235 et 268 où
famines + épidémies + barbares conduisirent à la mort de près de la
moitié
de la population, les empereurs Illyriens Claude, Aurélien et Probus
réagissent et font cesser rapidement le
désordre. Ils écrasent les barbabres étonnés qui s'enfuient. Ils
redressent l'état, et
sauvent l'empire. Ils font aussi
cesser la tolérance contre le christianisme. Mais il est trop tard !
Cette doctrine s'est trop répandue dans la population pour que leur
successeurs puissent maintenant faire facilement marche arrière ;
d'autant que le climat
défavorable de la crise
a favorisé une montée générale de superstitions dans le peuple et
accèlère également la corruption de la philosophie parmi les élites.
- La destruction de la culture classique.A la fin du IIIe siècle, les païens sont devenus beaucoup plus superstitieux et ils renient les philosophes classiques de la Grêce qui ont pourtant façonné leur culture depuis 700 ans."Les bosquets de l’académie, les jardins d’Épicure, et même le portique
des stoïciens furent presque abandonnés, comme autant d’écoles
différentes de scepticisme ou d’impiété ; et plusieurs parmi les
Romains désirèrent que les écrits de Cicéron fussent condamnés et
supprimés par l’autorité du sénat. La secte dominante des nouveaux
platoniciens crut devoir s’unir avec les prêtres[conduisant à] une alliance monstrueuse de la philosophie et de la superstition"(Gibbon, Chap XVI, p414). Ainsi, l'élite romaine jadis éclairée par l'épicurisme et le stoïcisme a disparu et la philosophie est désormais
réduite au seul néoplatonisme qui ouvre la voie vers le monothéisme.
- Dans ce contexte, se développe des cultes à tendance monothéiste. Les conditions sont désormais réunies pour une
transformation de plus grande ampleur et donc un changement de civilisation.
2 - le basculement: la guerre civile païen-chrétien
(IVe siècle)
- La conversion de Constantin. En 313, Constantin s'allie aux chrétiens (5% de la population de l'époque) pour devenir Empereur et fait du christianisme la religion officielle de l'état. Il fait transférer la capitale de l'empire
romain à Constantinople (Istanbul) pour favoriser le pouvoir de cette nouvelle religion impopulaire
à Rome. Il confie
à des chrétiens les postes clefs de l'administration qui commencent à
persécuter le paganisme (destruction et pillage de temples).
- La réaction païenne. Gibbon raconte que "La
vénérable antiquité de la Grèce aspirait à Julien une tendresse
respectueuse qui éclatait en transports, au souvenir des dieux, des
héros et des hommes supérieur aux héros et au dieux qui avaient légué à
la dernière postérité les monuments de leur génie ou l'exemple de leurs
vertus" (chap XXII, p630). En 361, Julien devenu empereur apostasie la religion chrétienne de ses parents affirmant que ce "n’est
qu’une fourberie purement humaine, et malicieusement inventée, qui,
n’ayant rien de divin, est pourtant venue à bout de séduire les esprits
faibles, et d’abuser de l’affection que les hommes ont pour les fables,
en donnant une couleur de vérité et de persuasion à des fictions
prodigieuses" (Contre les galiléens). (Julien est cependant un néoplatonicien superstitieux, ce qui reste de plus éclairé comme philosophe à cette époque).
Julien
voit une menace dans cette religion et prend des mesures drastiques
pour revenir au paganisme (les chrétiens sont condamnés à réparer les
temples qu'ils ont détruits), mais il meurt accidentellement en
363. Sur son lit de mort, Julien rendit l'âme en véritable païen "la
nature me redemande ce qu'elle m'a prêté ; je lui rends avec la joie
d'un débiteur qui s'acquitte et non point avec la douleur ou les
remords que la plupart des hommes croient inséparables de l'état où je
suis" (chap XXIV, p690).Selon ses contemporains, s'il avait vécu plus longtemps, il serait
vraisemblablement
parvenu à "éteindre la religion de Jésus-Christ" (Gibbon, chap XXIII, p 665). "En
négligeant d'assurer par le choix prudent et judicieux d'un collègue et
d'un successeur, l'exécution future de ses projets (la restauration du
paganisme) Julien fut en quelque sorte la cause du triomphe du
christianisme et des calamités de l'Empire"(Gibbon, chap XXIV, p691).
- La réaction chrétienne. Vers 380-390, les chrétiens prennent le pouvoir total. Théodose édicte des décrets qui interdisent
la pratique du paganisme (et les jeux olympiques), amorçant la crise terminale de l'empire romain. Même sous
la plume d'un historien chrétien, comme Henri-Irénée Marrou, on peut lire
que l'état chrétien de cette époque était un "état totalitaire"(Michel Onfray. Christianisme religion d'état et code théodosien).
-
L'affrontement final païen-chrétien. En 394, les païens encore majoritaire à Rome s'allient à un chrétien modéré, Eugène (Flavius Eugenius Augustus),
contre les fanatiques
chrétiens qui ont pris le pouvoir à Constantinople ; mais Eugène échoue à les renverser (bataille du Frigidus). La civilisation gréco-romaine est perdue.
- L'affaiblissement de l'Occident.La
défaite d'Eugène a des conséquences politiques et sécuritaires
désastreuses pour la partie occidentale. Elle provoque l'effondrement militaire de l'Occident à cause d'une
perte de soutien des grandes familles païennes occidentales vis à vis
du pouvoir impérial qui les persécute et a interdit leur religion. Cette désorganisation
de l'état facilite le passage du Rhin par les barbares (en 406) qui
ravageront l'Occident, seulement quelques années après la victoire
finale du christianisme sur le paganisme.
- La sac de Rome. Parallèlement, en 378, l'empereur Valens avait autorisé
des barbares Wizigoths armés à vivre au sein de l'empire romain confiant dans le fait qu'ils étaient chrétiens et ceux-ci sont enrolés comme renforts par Théodose pour battre Eugène. Mais cette politique restera une erreure fatale. Les Wizigoths dans l'empire deviennent rapidement incontrôlables, et c'est eux qui mettent Rome à sac en 410 !
La chute de Rome causée par le christianisme ?
C'était la conclusion d'Edward Gibbon (XVIIIe), auteur de la plus célébre étude sur la chute de l'empire
Romain: « La
conversion de Constantin précipita la chute de l'empire [...] les
institutions partiales de Constantin anéantirent [le gouvernement
militaire] et le monde romain devient la proie d'une multitude de
Barbares » p1157 et 1156
Effectivement, le christianisme m'apparait comme la triple cause de la
chute de l'empire romain. Le christianisme a agit:
- au niveau culturel, en
supprimant la rationalité héroïque c'est-à-dire les valeurs gréco-romaines qui
avaient permis les succès de cette civilisation.
- au niveau militaire, en favorisant une fraternisation chrétienne avec les barbares mercenaires qui se retournent contre Rome. - au niveau
politique et économique, en affaiblissant et désorganisant la chute de la société dans
les querelles religieuses païens/chrétiens, mais aussi chrétien/chrétien.
- La christianisation des esprits. La culture judéo-chrétienne transforma les hommes. "La
crédulité [des moines] dégradait les facultés de leur esprit ; ils
falsifiaient le témoignage de l’histoire, et les erreurs de la
superstition éteignaient peu à peu les dangereuses lumières de la
science et de la philosophie. La révélation divine vint à l’appui de
tous les cultes religieux pratiqués par les saints, de toutes les
doctrines mystérieuses qu’ils avaient adoptées, et le règne avilissant
des moines acheva d’étouffer toute vertu noble et courageuse. S’il
était possible de mesurer l’intervalle entre les écrits philosophiques
de Cicéron et la légende de Théodoret, entre le caractère de Caton et
celui de saint Siméon Stylite, nous apprécierions peut-être la
révolution qu’éprouva l’Empire romain dans une période de cinq cents
ans." p1093.
En 1790, le révolutionnaire Louis Saint-Just poursuivait : « Les ravages
de l'ignorance, après le Bas-Empire, furent incroyables ; on en doit
accuser la tyrannie des moines, et leur vie stupide ; cette institution
venue de l'épouvante des dogmes ébranla toutes les lois, et créa des
vertus stoïques inutiles au monde [.]Le
fanatisme est né de la domination des prêtres européens » L’esprit de la révolution et de la constitution de la France.
L'influence
pernitieuse de l'église et le coût de cette
institution improductive pour les finances de l'empire romain fut également identifée comme une cause d'affaiblisement par le célèbre historien
Arnold Hugh Martin (A. H. M.) Jones en 1964.
Pour Voltaire, c'est "cette religion qui a détruit l’empire romain". Nieztsche explique que l'inversion des valeurs par le christianisme fut la véritable cause de la chute Rome: "Le christianisme a été le plus grand malheur que l’humanité ait connue
jusqu’à
présent" (Nietzsche, l’Antéchrist, 51)"C’est cela qui se rendit
maître de Rome. La même espèce de
religion dont Epicure avait déjà violement combattu les formes
embryonnaires.
Il faut lire Lucrèce pour comprendre ce que combattait Epicure,
c'est-à-dire
non pas le paganisme, mais le christianisme… et Epicure aurait vaincu
car dans
l’empire romain tout esprit respectable était épicurien." Nietzsche, l’Antéchrist, 58. Note: Selon Gibbon, au IIe siècle, "Les plus riches
habitants de l'Italie avaient presque tous embrassés la philosophie
d'Épicure" (Chap III p44). "Tout le travail du monde antique… en
pure perte ! Je ne trouve pas de mots pour exprimer le sentiment
que
m’inspire cette monstruosité " "A
quoi bon les Grecs, à quoi bon les Romains? — Toutes les conditions
premières pour une civilisation savante, toutes les méthodes
scientifiques étaient déjà là, on avait déjà fixé les règles du grand
art, l'incomparable art de bien lire, — cette condition nécessaire pour
la tradition de la civilisation, pour l'unité des sciences ; les
sciences naturelles liées aux mathématiques et à la mécanique se
trouvaient sur le meilleur chemin, ! [...] Ce qu'aujourd'hui nous avons regagné avec une indicible
victoire sur nous-mêmes — car nous avons tous encore dans le corps les
mauvais instincts, les instincts chrétiens — le regard libre devant la
réalité, la main circonspecte, la patience et le sérieux dans les plus
petites choses, toute la probité dans la recherche de la connaissance —
tout cela existait déjà il y a plus de deux mille ans. Et plus encore,
le bon goût, le tact fin et sûr! Non point comme un « dressage » du
cerveau, non point comme la culture « allemande », avec des manières de
lourdaud! Mais comme corps, comme geste, comme instinct - comme réalité
en un mot. . . Tout cela en vain! Plus qu'un souvenir du jour au
lendemain! — Grecs! Romains! La noblesse de l’instinct, le goût, la
recherche méthodique, le génie de l’organisation et de
l’administration, la foi, la volonté d’un avenir humain, le grand « oui
» à tout, tout cela visible et perceptible à tous les sens, le grand
style, non plus seulement en art, mais devenu réalité, vérité, vie… Et
cela, non pas réduit en cendres, instantanément, par un cataclysme
naturel! Non pas foulé aux pieds par des Germains et d’autres pédestres
balourds! Mais mis à mal par de rusés, de furtifs, d’invisibles et
d’anémiques vampires! Non pas vaincu — seulement vidé de son sang!…
Maîtres de la place, le désir rentré de vengeance, la mesquine envie!…
Voir d’un seul coup tout ce qui est piteux, mal dans sa peau,
hanté-de-mauvaises-pensées, bref tout le ghetto de l’âme, prendre le
dessus!" Nietzsche, l’Antéchrist, 59.
le discours de Maurice Allard à l'assemblée
nationale en 1905 (extrait du film "la séparation").
Contre cette conclusion, le principal argument est la survie de l'empire
d'Orient, mais en fait celui-ci frôle de très près plusieurs fois la destruction (par les Goths, puis par les Arabes) et est
incapable d'empêcher le pillage d'Athènes et de la Grêce, même s'il survit pour diverses raisons circonstancielles (fortifications de Constantinople, avantages géographiques face aux invasions du Ve siècle, récupération des capitaux et talents d'Occident qui s'effondre en premier, pression barbare Ostrogoth détournée vers l'Italie à conquérir...). Après
quelques tentatives éphémères de reconquête de l'Occident dévasté,
l'empire de l'est se réduira à la ville de Constantinople et ses alentours. Enfin, la culture gréco-romaine décline elle-aussi rapidement dans empire
d'Orient sous le poids
de l'obscurantisme religieux. En 415, la philosophe Hypathie est assassinée par des chrétiens à Alexandrie (voir le film Agora). En 528, Justinien ferme la dernière école
philosophique
néoplatonicienne d'Athènes(les autres écoles ayant déjà été détruites au IVe
siècle) et condamne désormais tout païen à mort. (Ramsay Macmullen. Christianisme et paganisme. Chapitre 1).
Ainsi lorsqu'on m'oppose que la cause principale de la chute de l'empire Romain reste les
barbares, je répond oui... des barbares convertis au christianisme !
(des ariens qui deviendront ensuite nicéens). Si Rome avait été conquise par des païens germaniques
convertit à un néostoicisme ou à un néoépicurisme, la civilisation gréco-romaine aurait perdurée même si l'empereur romain était ensuite devenu un grand blond
et que la capitale aurait été déplacée plus au nord, comme ce fut le
cas lorsque Rome vainquit la Grêce. C'est donc bien le christianisme
qui est la cause principale
de la disparition de cette civilisation et des "dark ages".
Il est important de préciser que c'est un
christianisme fanatique et très théologique qui prend le pouvoir dans
l'antiquité et pas une version plus humaniste qui existait pourtant
déjà (Pelage), et qui pouvait essayer de s'accorder avec la philosophie
grec (Justin, Clément) au lieu de simplement vouloir la détruire, et qui rémergera au milieu du moyen-âge et permettra la renaissance.
Contrairement donc à la plupart des historiens modernes qui nient la responsabilité évidente du
fanatisme chrétien dans ce désastre et rejettent la
conclusion de Gibbon, voir refusent désormais même de parler d'effondrement (mais seulement "d'antiquité tardive"), pour ma part, je rejoins donc Gibbon ou aujourd'huiWard-Perkins (contre Peter Brown) mais je
nuancerais seulement la conclusion de Gibbon
en
insisitant davantage sur la responsabilité de toute la superstition
(incluant
donc Platon et le néoplatonisme). La supersition païenne a servi d'arguments à
l'irationalisme chrétien qui a su l'exploiter dans ses défenses et
apologies et ceci a empêché le lancement d'une contre-offensive
idéologique qui aurait été bien plus efficace et moins criminelle que les
persécutions.
Outre donc la question du sac de Rome ou même la chute de l'occident,
plus généralement la disparition de la civilisation gréco-romaine
classique fut d'abord causée par une montée générale de
l'irrationalité chez les païens au IIIe siècle, dont le christianisme
ne fut ensuite que l'aboutissement ultime. Le
reniement de la "Raison grecque" (expression de Celse) et des Lumières antiques qui avaient soutenues le génie gréco-romain détruisirent cette civilisation de l'intérieur (y compris dans l'empire d'Orient également décadent).
Ma conclusion sur l'empire romain ne devrait pas paraître si choquante ni originale. Elle
n'est que l'application au cas romain de ce que l'on admet pour
d'autres cas similaire. La destruction de la rationalité est le facteur clef généralement retenu pour expliquer la fin de l'âge
d'or de la civilisation arabo-musulmane (VIII-XIIe siècles) qui
s'effondre au XIIe siècle lorsqu'elle renie la science sous l'influence de théologiens
obscurantistes comme Algazel. Inversement, on admet généralement que les progrès de l'Occident lors de la
Renaissance et des Lumières s'expliquent principalement par un retour
de la rationalité (scientifique, philosophique, éthique, politique...).
3 - La transition vers le moyen-âge chrétien (V, VI et VIIème siècle)
-Au
V, VI, VIIe siècle, on constate l'effondrement complet de la civilisation en
Occident, avec un retour à des conditions de vie comparables à celles
de
la préhistoire dans certaines régions: disparition des infrastructures, écoles, routes, aqueducs, constructions en pierre... perte d'usage de la monnaie, montée de l'illettrisme...(Bryan Ward-perkins. La chute de Rome).
La population de l'empire romaine avait atteint un record de
développement (Gibbon p31). La ville de Rome perd 95% de sa population.
L'eau y est coupée. L'Occident mettra plus de 1000 ans pour se rétablir, et avec l'aide d'innovations et de
découvertes ultérieures. Au début de la renaissance, Petrarque parle de "dark ages" (âges sombres) pour décrire la période post-romaine.
- Au VIIIe siècle, Charlemagne, le soldat de l'église, parcourt l'Europe occidentale pour faire aux païens ce qu'Hitler voulait faire aux juifs et que Justinien a fait aux païens d'Orient. Les
dernières poches de résistances païennes sont éradiquées. En 772, Charlemagne
fait exécuter 4500 prisonniers païens qui refusent de se convertir au
christianisme en une seule journée ! (Massacre de Verden). L'inquisition poursuivra son combat jusqu'au XVIIIe siècle. Note: A titre de comparaison, pendant la terreur à Paris durant 2 ans (entre 1793 et 1795), dans un climat de guerre civile et d'invasion étrangère, 2 639 personnes sont condamnées à mort par le Tribunal révolutionnaire.
L'établissement du christianisme a donc été très violent ce que les
chrétiens ont oublié !