Les problèmes des conceptions spiritualistes/idéalistes
Le
spiritualisme (l'esprit préexiste à la matière) et même l'idéalisme
spiritualiste (la matière existe seulement dans notre consience) dominent dans la "philosophie" occidentale,
pourtant je n'ai trouvé nulle part de réponses aux problèmes majeurs associés à cette conception de la réalité.D'après nombre de partisans de ce genre de doctrine,
le monde matériel n’existerait en fait que dans notre esprit, comme pendant
un rêve, pourtant:
L'esprit n'est pas une chose première:
"Un examen attentif de la notion d’esprit montre que celui-ci est
constitué d’au moins deux choses différentes: une mémoire et une
faculté d’analyse. Sans aucun souvenir et sans aucune capacité
d’associer, de comparer et de manipuler des informations, la notion
d’esprit n’est plus concevable. Or si le concept d’esprit peut être
décomposé et réduit à l’association d’autres choses, alors l’esprit ne
peut plus être une chose première, mais son origine doit être
recherchée et expliquée. De multiples exemples issus de la biologie et
de l’informatique illustrent désormais qu’une mémoire et une faculté
d’analyse sont des choses qui reposent sur des structures matérielles.
Puisque la mémoire et l’intelligence peuvent s’expliquent toutes deux
grâce à des réseaux neuronaux biologiques ou artificiels, l’esprit nous
apparait dépendant de la matière, et il n’est pas une chose première,
avant la matière" Extrait de l'Amour de la Raison Universelle.
Le problème du cerveau:
"Si la conscience humaine avait un degré d’existence supérieure à celle
du monde physique, on s’attendrait à ce que celle-ci ne soit pas
directement altérable par les phénomènes matériels, or la médecine
montre que le fonctionnement de la conscience dépend de processus
neurobiologiques dans le cerveau. L’existence de certaines molécules
(alcool, somnifères, drogues, hallucinogènes, neuroleptiques...)
capables de perturber ou rétablir le fonctionnement de la conscience
est une observation ancienne démontrant que l’esprit humain repose sur
des bases matérielles. De même, l’expérience de l’éveil et du sommeil
montre à chacun de nous que sa conscience se met en marche et en veille
comme une machine. Aujourd’hui, notre capacité à lire dans les pensées
et dans les rêves à l’aide de l’imagerie cérébrale confirme que
l’esprit se situe bien dans le cerveau . Cette conclusion est également
soutenue par l’étude de patients atteints de lésions dans diverses
régions des hémisphères cérébraux et affectés de troubles précis, dont
parfois des perturbations qui touchent leur caractère et leur capacité
à former des sentiments . Ainsi, un grand nombre d’observations
nouvelles et anciennes convergent vers l’idée que l’esprit est un
processus reposant sur des bases matérielles, et fonctionnant selon des
principes rationnels." Extrait de l'Amour de la Raison Universelle.
Le terme de "conscience cosmique" n'a aucun sens: la
conscience humaine nécessite un cerveau en bon état de marche et elle
s'arrête
avec la simple prise d'un somnifère. Peut-être qu'on peut faire
marcher une conscience dans un ordinateur très perfectionné mais
certainement pas
n'importe où dans les choses. Une pierre, une étoile, une
galaxie et même tout le cosmos observable ou théorisée via le mutivers
ne réunit à l'évidence pas les conditions d'organisations
nécessaires au fonctionnement d'une conscience cosmique universelle (voir le
modèle du fonctionnement de la conscience proposé par le prix Nobel
Gerald Edelman ou celui plus simple exposé dans les chapitres la vie et
l'esprit de la première partie de l'Amour de la Raison Universelle).
Le terme de conscience cosmique n'a donc aucun sens, et n'est qu'une
manière dissimulée d'introduire le bon dieu ou de propager des croyances
animistes.
Enfin, mettre 3 personnes dans une pièce laisse 3 individus et ne créé
pas une conscience nouvelle avec laquelle on peut interagir.
L'ensemble des individus ne créé pas un nouvel esprit. Le dieu de Spinoza n'est pas un sujet.
Le problème de l'accord des
consciences sur le monde externe: Tous les jours, différents
esprits
s’accordent sur la nature du monde perceptible, ce qui ne se comprend qu'avec
l’existence d’une substance indépendante de la subjectivité
des consciences, et que nous identifions habituellement comme étant la matière. Or, pour les idéalistes spiritualistes, le monde matériel existe en fait
uniquement dans nos esprits. Pour expliquer l'accord des différentes consciences, ils doivent
cependant réintroduire
une entité qui fait le même
travail que la matière absolue afin de garantir l'objectivité des observations: c'est par exemple "l'ordre préétabli" (par Dieu) chez Leibniz. Déjà, dans le spiritualisme de
Berkeley, il y avait quelque chose qui
créait
l'illusion du monde matériel, et que l'évêque Berkeley identifie dogmatiquement lui aussi au Dieu
du monothéisme... et
ces aveux illustrent bien la faiblesse de ces pensées anti-matérialistes. En
effet, le spiritualiste
nie tout d'abord qu'une réalité externe et absolue (communément appelée la matière)
détermine nos
représentations, mais il est quand même obligé d'introduire quelque
chose
d'équivalent derrière les phénomènes, qui est la cause de nos perceptions !Kant
s'est également pris dans cette
contradiction,
et à la suite des remarques de Jacobi, il a dû proposer une deuxième édition de sa critique de la Raison pure pour essayer de
pallier au problème, mais je ne vois pas qu'il y soit parvenu, ni lui,
ni
personne d'autre. En résumé, si l'on
rejette l'existence de la matière vue comme une entité indépendante et préexistante aux consciences, il faut savoir que
l'on sera obligé de réintroduire quelque chose d'encore plus douteux et de moins bien établi que la matière pour la remplacer. Schopenhauer était conscient du problème. Dans son
texte intitulé "le point de vue idéaliste", il tente de réaliser un
dépassement en
admettant que "le sujet
connaissant est un produit de la matière",
tout
en continuant de nier l'existence d'un monde matériel externe à la
conscience. Il nous propose ainsi une synthèse prétendument subtile
entre
spiritualisme et matérialisme, mais qui en l'absence d'élément décisif
pour soutenir la cohérence d'une telle curiosité inintelligible, est à mes yeux seulement une contradiction dissimulée.
Notons
enfin, que même dans le cas où le spiritualiste croit qu'il est le seul
esprit au monde (idéalisme absolu), le même problème réapparaît car il devra constater
qu'il a un
gigantesque inconscient (tout l'univers matériel) qui lui échappe,
s'impose à
lui et à ses erreurs et fait donc là aussi office de réalité externe, indépendante de sa
conscience.
En conclusion, si l'on admet la nécessité d'un
élément objectif entre les consciences, la matière apparait
comme la solution la plus simple à ce problème. Certes, ce raisonnement ne
nous dit pas ce qu'est réellement la matière, ni tout ce que ce concept
pourrait cacher ou renfermer, mais il nous indique qu'il existe une entité objective et indépendante des
consciences dont nous allons désormais pouvoir essayer de percer les
secrets en physicien.
Le problème de l'ancestralité:
La science contemporaine décrit des événements passés (ex:
la naissance du système solaire, l'explosion Cambrienne) ayant complètement précédés l’apparition de toute
conscience
humaine. Il n'y avait aucune conscience pour observer de tels
événements. Mais alors si le monde
matériel est une illusion fabriquée
par notre esprit au cours du temps, ces évènements n'ont jamais existé,
même dans cette illusion.Schopenhauer nous dit en
effet: "Les
processus géologiques ayant précédé toute vie sur la terre se
sont effectués sans aucune conscience; non dans la leur, puisqu'ils
n’en ont pas: non dans une conscience étrangère, parce qu’il n’en
existait pas. Ils n’avaient donc pas, par manque de tout sujet,
d’existence objective, c’est-à-dire qu'ils n’existaient pas du tout;
or, que signifie alors leur « s’être effectué ? » C’est au fond une
simple hypothèse" (Parerga et Paralipomena, Philosophie
et science de la nature). Les
fossiles et les datations radioactives sont des faits avérés. Ils sont bien plus qu'une simple hypothèse.
Autres problèmes:
Le spiritualisme est très répandu pour encore d’autres raisons, bien
qu’aucune ne soit convaincante. Platon justifie son spiritualisme par
son intuition d’une identité de nature entre l’intelligence de notre
esprit et les idées intelligibles, qu’il oppose au matériel, sensible
et inintelligible ; argument auquel Démocrite avait en fait déjà
répondu d’avance en affirmant la totale intelligibilité du réel,
y-compris matériel . Chez Descartes, le spiritualisme est favorisé par
l’illusion que le Cogito, ergo sum produit de se voir au centre du
monde après avoir douté de tout, et provient du privilège de certitude
accordé à la pensée sur les sens, alors que la plupart de nos erreurs
viennent d’une mauvaise interprétation, par la pensée, des justes
données fournies par nos sens. Le spiritualisme est aussi grandement
favorisé parce qu’il est source d’espoirs d’un au-delà, après la mort,
encouragés par les récits de phénomènes parfois éprouvés lors
d’expériences de mort imminente. Toutefois comme des phénomènes
similaires sont inductibles artificiellement par des impulsions
électriques au niveau du cerveau ou par certaines drogues sur des
sujets pleinement vivants , ces hallucinations post-traumatiques
semblent pouvoir s’expliquer naturellement par la neurophysiologie et
ne constituent donc pas un argument convaincant en faveur de
l’immatérialité de l’âme.
Le spiritualisme provient enfin de la prétention vulgaire
d’avoir déduit l’incapacité de la matière à produire la conscience,
alors que nul n’a encore jamais pu prédire ce que peut ou ne peut pas
faire un corps matériel expliquait Spinoza . Affirmer que la
conscience, c’est-à-dire quelque chose qui est difficile à comprendre,
requière une substance immatérielle, revient à faire l’hypothèse d’une
chose que l’on ne peut ni observer, ni déduire, ni comprendre, ni
connaitre et surtout qui ne résout aucun problème. En effet, avec ce
second mystère on n’explique pas mieux le premier. Ceux qui sont
incapable de cerner le fonctionnement de la conscience devraient s’en
tenir à la devise de Socrate: “je sais que je ne sais pas” , mais en
aucun cas sombrer dans la croyance aux esprits sans corps. Une erreur
similaire avait jadis conduit au vitalisme, cette hypothèse d’une force
inconnue dans les êtres vivants imaginée par ceux qui avaient trop vite
conclu que la biologie ne pourrait jamais s’expliquer seulement à
partir de la complexité physico-chimique. Les progrès de la biochimie
et de la biologie moléculaire ont fini par l’emporter sur l’obscure,
introuvable et désormais inutile force vitale. Parions que les progrès
de l’intelligence artificielle finiront pas avoir raison du
spiritualisme. Extrait de l'Amour de la Raison Universelle.
Ceux qui pensent que le monde matériel est une illusion, se doivent
à minima de nous proposer uneexplication alternative de la réalité qui
soit au moins aussi cohérente que la croyance naturelle qu’ils
dénoncent et veulent abattre. Idéalement, ils devraient même faire
mieux. Un changement de paradigme nécessite d’abord de déceler un
problème dans le modèle existant qui est ensuite résolu par une
nouvelle vision des choses. Ce n’est qu’ainsi que l’on a remplacé le
géocentrisme par l’héliocentrisme. Toutefois, force est de constater
qu'en remettant l’observateur au centre, le kantisme n'est pas du tout
une révolution copernicienne comme il le prétend, mais bien au
contraire une "contre-révolution ptolémaïque" comme disait Bertrand Russel !
Le
spiritualisme est historiquement un produit de la superstition.
Contrairement au matérialisme qui a connu de fantastiques dévelopements à travers la science, le spiritualisme n'a pas connu de progrès significatifs depuis des millénaires. Cette conception n'a jamais permis de
résoudre aucun grand problème théorique ou pratique. Même ses diverses tentatives de reformulation par les auteurs précités ne parviennent pas à l'établir avec une cohérence interne. Le spiritualisme contient des problèmes structurels qui demeurent
insolubles, et entre en contradiction avec des faits solidement
établis par la science. Le spiritualisme réunit donc toutes
les qualités qui définissent habituellement une absurdité. "Le pur esprit est le pur mensonge" disait Nietzsche (Antéchrist, 8)
A ma grande
surprise on trouve des partisants de l'idéalisme chez de nombreux
esprits brillants. Si donc un partisan de Kant, de Schopenhauer…. ou
tout autre représentant de la philosophie idéaliste pense avoir des
arguments clairs, concis et convaincants qui répondent aux objections
exposées ci-dessus, surtout qu’il n’hésite pas à m’écrire !
Attention, les arguments subjectifs du genre "il faut l'éprouver", "je
le ressens" ne sont pas communicables et ne sont donc pas recevable
dans une discussion. Seuls les arguments objectifs sont recevables.